Le SCO attaque sa quatrième saison de National, la deuxième sans le statut professionnel. Sur vingt équipes, il y aura trois promus en D2 et quatre relégués en CFA. Le Gazélec s'étant vu interdire bien sévèrement la montée en 2ème Division d'abord parce qu'un règlement ancien interdit à une ville moyenne d'avoir deux clubs professionnels puis pour des raisons financières, Valence a été repêché. Il n'y a donc que deux relégués : le Red Star et Beauvais. Parmi les adversaires de la saison précédente, on retrouve d'anciens pensionnaires des championnats professionnels (Gazélec, Racing, Valenciennes, Paris FC, Martigues, Istres), des amateurs habitués du National (7ème saison pour Noisy-le-Sec, 6ème pour Fréjus et Thouars) ou en bonne voie d'implantation (Pau, Raon-l'Etape, Pacy-sur-Eure). Enfin, du côté des promus, si Evry fait figure de petit poucet, on note l'arrivée de quatre clubs ambitieux tous issus d'anciens clubs professionnels de grandes villes : Grenoble F38 (héritier du FC Grenoble), Clermont Foot (héritier du Stade clermontois), Besançon RC (héritier du Racing Club franc-comtois) et le Stade de Reims ressuscité. Au total, ce championnat de National pourtant ingrat a plutôt belle allure.
Pour y faire bonne figure, le SCO choisit de s'appuyer largement sur l'effectif qui a donné satisfaction la saison passée. Le recrutement est limité et on peut dire que seuls deux joueurs expérimentés rejoignent les rangs scoïstes. Emmanuel Hutteau, milieu gauche de 31 ans, a beaucoup tourné (Strasbourg, Bourges, Lens, Sedan, Cannes, Le Mans, Créteil) ; il compte une vingtaine de matches de D1 disputés avec avec Lens et Cannes. Le Nordiste Olivier Vandevoorde (puissant avant-centre de 30 ans), a lui aussi connu de nombreux clubs (Dunkerque, Hazebrouck, Le Touquet, Beauvais, Martigues et Laval puis à nouveau Beauvais). Le reste du recrutement s'appuie sur des jeunes. D'une part Jonathan Guillou, prêté par le Paris Saint-Germain, d'autre part un carré en provenance de Segré qui vient de boucler avec succès sa troisième saison en CFA : Arnaud Marchand, Jamel Nabati, Emmanuel Neveu et Valérian Peslier.
Sur le banc, le successeur de Christian Dupont est un Breton, policier de son état, qui a connu son heure de gloire six ans plus tôt en menant le Stade briochin en super-D2 et en l'y maintenant. Denis Goavec, qui a par la suite dirigé Brest et qui était revenu à Saint-Brieuc entraîner la brillante équipe féminine locale, retrouve Yannick Le Saux, l'ancien goleador briochin qui met un terme à sa carrière mais reste près du SCO.
Le début de saison est laborieux pour les Scoïstes. Au terme de la 7ème journée, ils pointent en quinzième position, proches de la relégation. Mais leur redressement est spectaculaire grâce à quatre victoires en cinq matches dont une contre Martigues. Basé au stade du Lac-de-Maine depuis six mois, le SCO retrouve Jean-Bouin le 18 octobre. Sur une pelouse aplanie et régénérée pour la première fois depuis l'origine du stade Bessonneau, il obtient la parité face à Beauvais, le cador du championnat.
Novembre et décembre sont largement consacrés à la Coupe de France. Le SCO s'est porté volontaire pour jouer Outre-Mer et s'en va défier la Jeanne-d'Arc du Port : devant 7000 spectateurs, les Angevins éliminent les Réunionnais. Ils échouent au tour suivant à Thouars sur un but d'une vieille connaissance, Patrice Sauvaget.
En championnat, le SCO navigue dans le premier tiers du classement et grignote des places lentement mais sûrement. Il faut dire que sa défense est solide et que, même quand elle prend l'eau (menée 3-0 à Fréjus), l'équipe sait se ressaisir (3-3, score final). Et elle a l'art d'exaspérer les adversaires (16 expulsions dans la saison contre deux seulement côté angevin). Tant et si bien qu'au soir de la 29ème journée et d'une victoire sur Evry, elle s'installe sur le podium pour la première fois.
Lors de l'avant-dernière journée, elle rate le coche en se faisant accrocher par les Vosgiens de Raon-l'Etape (0-0 devant 300 spectateurs), manquant d'assurer la montée en D2. A la veille de la dernière journée de championnat, le suspense est donc entier. En effet, si les deux premières places sont assurées à Beauvais et Martigues, et si le 5ème n'a plus aucune chance, le SCO a encore un concurrent pour la 3ème place : Grenoble. Le club isérois a 3 points de retard mais a gagné le match aller 2 à 1. En cas de victoire à Jean-Bouin, les Grenoblois reviendraient à égalité de points et dans ce cas, la différence de buts particulière étant à leur avantage, ils emporteraient le dernier bilet pour la D2. Dans cette finale, l'objectif du SCO sera donc de ne pas perdre. Grenoble a l'avantage d'être l'équipe en forme mais pâtit d'une piètre défense ; au SCO, c'est tout l'inverse : son attaque est médiocre mais sa défense de fer et l'avantage du terrain le rendent favori. Les places se sont vendues comme des petits pains. Le jour venu, 15810 spectateurs payants, auxquels s'ajoutent bon nombre d'invités, garnissent les tribunes. Jean-Bouin est quasiment plein.
La première mi-temps est équilibrée : 0-0. Il ne reste plus que 45 minutes à tenir. Hélas ! Cyrille Carrière douche le public angevin en ouvrant la marque dès la reprise en convertissant de la tête un centre de Bakadal. Au classement, Grenoble passe devant. Durant toute la seconde mi-temps, le SCO bute sur l'organisation grenobloise et s'expose à des contres. La tension ne cesse de monter. A la 85', M. Layec sanctionne Chagnaud d'un carton jaune. Deux minutes plus tard – alors que Grenoble tient la victoire et la montée en D2 – Molinier, servi par Grossmann, fait exploser Jean-Bouin en égalisant ! Avantage au SCO. Le Grenoblois Bakadal est expulsé. Il ne reste que trois minutes à jouer ! En théorie du moins… A la 89', Ludovic Georges remplace Vandevoorde. La tension est extrême. Camacho est expulsé à son tour (91'). Du fait des multiples arrêts de jeu, le temps réglmentaire s'allonge démesurément, mettant les nerfs à rude épreuve. A la 97', le Grenoblois Courtin frappe et trompe Lucas à la stupeur du public angevin et inscrit le but vainqueur… mais Gunia dégage in extremis ! Jean-Bouin laisse éclater sa joie. Quatre ans après, le SCO retrouve la D2.
Départs : Dupont (entr., arrêt), Gw. Guégan (Vannes), Jenni (Pacy-sur-Eure), Le Saux (arrêt), Louis-Marie (Tours), Michaud (Tours), Savidan (Châteauroux), Urbain (Segré)
Arrivées : Goavec (entr., Saint-Brieuc fém.), Guillou (Paris-&-Saint-Germain), Hutteau (Créteil), Marchand (Segré), Nabati (Segré), Neveu (Segré), Peslier (Segré), Vandevoorde (Beauvais)
Effectif : Bakengela, Boucher, Bourgeais, Bouvier, Citron, Gaborit, Georges, Grossmann, J. Guillou, Gunia, Hutteau, Lemasson, Le Paih, Gr. Louiron, W. Louiron, Lucas, Marchand, Molinier, Nabati, Neveu, Peslier, Vandevoorde – Entr. Goavec
© Olivier Moreau 2015