En guise de préparation de la saison 1992-93, la Ligue nationale de football réédite son insipide coupe d'été. Quatrième d'une poule le confrontant notamment à Auxerre et au PSG, le SCO se qualifie de justesse pour les seizièmes-de-finale. Vainqueur à Metz puis tombeur de Saint-Quentin après la trêve estivale, il écarte Le Havre en quart et s'impose à Tours au cours d'une demi-finale retransmise en direct par une chaîne de télévision nationale. Comme il est décidé que la finale sera disputée à Jean-Bouin, le match contre Montpellier, bonne équipe de D1, s'annonce relativement équilibré. En réalité, les hommes de Nicollin remportent assez facilement cette dernière Coupe de la Ligue ancienne manière, Pickeu concluant la marque à la dernière minute (3-1).
Si le SCO n'a pas ajouté une ligne à son maigre palmarès, il a mis en évidence ses capacités et justifié l'ambition pooursuivie depuis plusieurs saisons : la montée en D1. Ses supporteurs ont aussi pu faire connaissance avec les deux principales recrues : Ludovit Lancz, un milieu tchécoslovaque âgé de 28 ans en provenance de Bratislava, et Dragan Popovic, milieu yougoslave de 31 ans, originaire de Bosnie et qui n'a rien à voir avec son homonyme Zvonko.
La " vraie " saison démarre par un coup d'éclat : en déplacement à Laval, les Angevins rapportent la victoire grâce à un but de Cédric Daury dans les dernières minutes. Suivent deux résultats médiocres (1-1 à domicile contre le promu niortais et une défaite 2-0 à Rouen) puis une sensible montée en régime : six bons résultats consécutifs installent le SCO sur le podium, dont une très importante victoire à Rennes devant les caméras de France 2 (expliquant la faible assistance de 2600 spectateurs) et un carton contre Lorient (4-0). C'est Rouen qui mène le bal.
Puis le SCO signe une nouvelle victoire à l'extérieur : 4-1 en terre tourangelle (doublé de Lagrange, buts de Mottin et de Rodriguez). En octobre, il récidive à Châteauroux mais s'incline au Mans et au Red Star. Ce dernier est encore impliqué dans une sombre affaire ou tout au moins une affaire sombre puisque son match contre le leader rouennais est arrêté à la 88' à cause d'une panne d'éclairage. Rouen est déclaré vainqueur trois semaines plus tard ; au moins aura-t-on évité le pénible feuilleton administratif de la saison précédente.
On a passé la mi-saison ; c'est sur une défaite 2-0 face au dangereux rival niortais (télévisée par TV Sport), défaite qui creuse dangereusement l'écart avec le trio Rouen-Niort-Rennes (5 points), que le championnat fait la trêve hivernale.
Pour le SCO, l'objectif est simple : il faut gagner le décisif match de reprise contre Rouen le 8 janvier. Le club angevin aura à nouveau les honneurs de la télévision mais la retransmission en direct sera cryptée dans la région angevine. 5500 spectateurs font le déplacement à Jean-Bouin pour ce match au sommet arbitré par Alain Sars. Ce dernier expulse Zago à la 49'. Malgré ce handicap, Stefanini ouvre la marque d'un " coup-franc platinien " à l'heure de jeu puis Lagrange assure le triomphe angevin à un quart d'heure de la fin. C'est un tournant car le SCO, même accroché à Bourges à cause de l'exclusion de Gehra en début de match, signe cinq victoires consécutives (pour 11 buts dont 4 de Daury). Le voici placé en tête, avec 1 point d'avance sur Rouen.
La sortie d'hiver est synonyme de passage à vide : éliminé de la Coupe de France par Sochaux 4 à 1 (après prolongation, tout de même), il ne réussit que le nul contre Le Mans et perd à Châteauroux. Trois journées plus tard, les supporteurs angevins sentent le mauvais sort s'acharner sur leur équipe favorite : le Red Star, par qui tant de malheurs surviennent, en déplacement à Jean-Bouin inflige une correction au SCO : 2-0 au bout d'une dizaine de minutes et un score final de 3-0. Rouen repasse en tête.
Mais lors de la journée suivante, tandis qu'Angers ne parvient pas à l'emporter à Dunkerque, Rouen chute ! A trois journées de la fin, le club angevin prend l'avantage. Il le maintient lors de la 32ème journée en s'imposant devant Gueugnon (4200 spectateurs), ce qui fait un point d'avance sur Rouen et trois sur Rennes, sachant que la victoire vaut deux points. Pour l'avant-dernière journée, le SCO est en péril puisqu'il se déplace à Guingamp mais Rouen qui joue à Niort l'est plus encore ! Une victoire scoïste éliminerait définivement Rennes de la course à la montée directe ; si en plus les Rouennais s'inclinaient en Deux-Sèvres…
C'est donc gonflés à bloc que les Angevins abordent la partie au Roudourou. Dès la 25', Stefanini ouvre la marque. Durant tout le match, le SCO se heurte à la défense bretonne. A Niort, les Rouennais sont malmenés et s'inclinent 3-1. Le SCO a donc la maîtrise de son destin : qu'il conserve son maigre avantage d'un but et il retrouvera la D1 après douze ans d'absence ! Imaginons la joie des supporteurs, des dirigeants et des joueurs scoïstes lorsque Cédric Daury, encore lui, inscrit le second but angevin à la 87', synonyme de montée en D1 !
La montée assurée, les Angevins peuvent faire la fête lors de la dernière journée du championnat : il y a plus de 12.000 spectateurs à Jean-Bouin et la victoire sur Laval est belle. C'est donc avec la tête dans les étoiles – ou dans la lune – que nos angevins affrontent l'inattendue Martigues en finale du championnat de France de D2. Par inadvertance, ils laissent échapper le titre. A Martigues, devant une poignée de spectateurs, ils accomplissent le plus difficile (1-1) mais, grandissimes favoris, s'inclinent au retour. Par 4 buts à 3 malgré le doublé de Viaud pour ce qui restera son dernier match sous les couleurs du SCO, c'est le " Gaulois " Canet qui, en guise d'adieux, offre le titre à son club martégal.
Départs : Costa (Amiens), Deverge (Poitiers), Fall (Amiens), Fréchet (Montpellier), Perrocheau (Mont-de-Marsan)
Arrivées : Garcia (Mayenne), Lancz (Bratislava, Slovaquie), Popovic (Istres)
Effectif : Aubry, Cabanel, Daury, Discolle, Garcia, Gehra, Guégan, Guion, Lagrange, Lancz, Levenard, Mottin, Popovic, Rabouan, Ramé, Rey, Rodriguez, Stéfanini, Viaud, Zago – Entr. Gauthier
© Olivier Moreau 2007