Le SCO d'Angers retrouve donc sa place en Première division mais perd son entraîneur. Vasovic, nanti d'un énième titre, s'en va tenter l'aventure dans un club résolument ambitieux, le Paris Saint-Germain. Pour lui succéder, le choix des dirigeants se porte sur Aimé Mignot. Etudiant à Aix-en-Provence, il y a débuté son parcours de footballeur professionnel avant de faire tout le reste de sa carrière à Lyon. Avec l'Olympique lyonnais, il a remporté la Coupe de France en 1964, est devenu entraîneur de l'équipe réserve puis a dirigé l'équipe première pendant sept ans, gagnant la Coupe de France (1973). Mais en février 1976, au soir d'une lourde défaite à Strasbourg, il a dû laissé sa place au débutant Aimé Jacquet. Côté joueurs, le SCO enregistre de nombreux départs : Griffoni, Le Boëdec, Pauvert et Laurier qui tous avaient perdu leur place en fin de saison partent et Gouraud met un terme à sa carrière en raison d'une blessure persistante au ménisque. Surtout, l'international Marc Berdoll quitte son Anjou natal pour l'étranger, chose rare pour un footballeur français, et rallie le 1.FC Sarrebrück, promu en Bundesliga. Le recrutement se porte sur les jeunes avants André Barthélémy et Jean-Claude Chastin, sur le solide défenseur Jean-Pierre Brucato (32 ans dont 14 saisons professionnelles) tandis que Jean-Michel Fouché est appelé à remplacer Griffoni.
La saison est commencée depuis moins de dix minutes à Jean-Bouin lorsque Nancy ouvre la marque sur pénalty. Son auteur a vingt-et-un an. C'est ainsi que le public angevin fait connaissance avec Michel Platini. Heureusement, le SCO a lui aussi sa révélation : Barthélémy. Le Drômois prouve qu'il a le niveau pour jouer en D1 en égalisant à la demi-heure puis en donnant l'avantage au SCO à l'heure de jeu. Augustin scelle la victoire angevine. Le SCO est deuxième au classement, derrière Lyon, et Barthélémy meilleur buteur du championnat, en digne héritier de Berdoll. Toutefois les Scoïstes montrent vite des faiblesses : ils s'inclinent nettement à Nîmes (1-3), à Nice (1-4) et à Nantes (0-3) sans parvenir à gagner à domicile devant Reims (1-2), Bordeaux (0-0) et Laval le promu surprise (1-1). Après sept journées, les voici derniers.
Le début de l'automne marque un très net redressement. Mignot a trouvé son équipe type, Lech se réveille et Barthélémy confirme. Après un nul à Troyes, le SCO enchaîne trois victoires de rang, dont un magnifique succès contre le vice-champion d'Europe (et triple champion de France en titre) : plus de 20.000 spectateurs enchantés assistent à la défaite de Saint-Étienne, il est vrai mal en point. Les Curkovic, Piazza, Lopez, Bathenay Santini, Revelli et autre Larios ou Rocheteau sont dépassés. A la mi-temps, le SCO mène 4-1 (Cassan, Barthélémy, doublé de Lech). Farison ne réduit la marque qu'en toute fin de match. Barthélémy a déjà inscrit huit buts en onze matches, le SCO est remonté à la onzième place, tout va bien… Patatras ! la semaine suivante, nos Angevins chutent lourdement à Bastia (1-5). Suit une fin d'année équilibrée. Le SCO recrute un attaquant yougoslave, Vili Amersek. A la trêve, il est quinzième et tient convenablement sa place en Première division. Rien ne laisse présager le cauchemar qui va suivre…
Comment qualifier autrement cette seconde partie de saison ? Passons rapidement sur la Coupe de France où le SCO est éliminé dès les huitièmes de finale par Lens. Ce n'est rien à côté du championnat. A partir de janvier, il ne gagne que deux matches sur dix-neuf, soit six nuls et onze défaites ! Les seules satisfactions sont tirées d'un succès éclatant sur le Nice de Guillou – Barthélémy, étincelant, marque quatre fois ! – et par les sélections du même Barthélémy en Equipe de France B et Espoir. Hormis ce coup d'éclat, et un net 3-0 aux dépens d'un équipe lilloise encore plus à la dérive, les déceptions s'accumulent. Antépénultième, le SCO est finalement relégué sans qu'il y ait rien à dire. Autant les relégations de 1968 et 1975 avaient été des accidents, autant celle-ci apparaît logique. Pour la première fois, la légitimité de sa place en D1 est en question.
Départs : Bedouet (Laval), Berdoll (Sarrebrück, Allemagne), Gouraud (St-Jean-de-Monts), Griffoni (Alès), Laurier (Le Mans), Le Boëdec (Alès), Le Chatellier (Saumur), Pauvert (Mulhouse), Vasovic (Paris Saint-Germain).
Arrivées : Amersek (Ljubljana, Yougoslavie), Barthélémy (Montélimar), Brucato (Reims), Chastin (Chaumont), Fouché (Red Star), Heslot (Intrépide d'Angers), Mignot (entr., Lyon).
Effectif : Amersek, Augustin, Barthélémy, Baudry, Boskovic, Brucato, Brulez, Cassan, Chastin, Citron, Damjanovic, D'Hondt, Edwige, Felci, Ferri, Fouché, Gonfalone, Guillon, Heslot, Janin, Lech, Ouattara,– Entr. Mignot.
© Olivier Moreau 2005