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Déroulé de la saison 1973/74

La saison

4ème en championnat de France de Première division professionnelle.
1/8 finale de la Coupe de France.

Faute d'avoir su concrétiser les espoirs de titre national qu'il avait fait naître, Ladislas Nagy quitte le SCO. Il part à Fontainebleau qui, après avoir été l'un des ténors de feu le CFA, s'est solidement installé en D2. Pour le remplacer, le Dr. Kerjean et Robert Lacoste choisissent César “Pancho” Gonzales. Après une belle carrière à Montevideo, Nice et Nantes ponctuée de trois championnats et de deux Coupes de France (Nice), l'Argentin s'est reconverti comme entraîneur-joueur à Draguignan, un très bon club amateur. Il est ensuite retourné à l'OGC Nice qu'il a dirigé pendant plusieurs années et il débarque en Anjou après une courte escale au FC Bourges. Comme souvent à Angers, il s'agit d'un “technicien”, amoureux du beau jeu. «Argentin d'origine, c'est pourtant un entraîneur calme, mesuré, pondéré, qui ne met jamais la charrue avant les bœufs. Responsable technique patient et travailleur, il est porté vers un football bien élaboré, à la base duquel la technique collective joue un grand rôle.» Hormis le changement d'entraîneur, l'effectif varie peu : Jean-Paul Gaidoz part à Cannes et René Gallina tente sa chance à Paris, après de longues et belles années au SCO.

Un SCO à la réputation élogieuse et croissante ! Tout amateur de football sait en effet qu'il a de grandes chances de se régaler avec Guillou et sa bande. Laquelle attire les foules puisque les matches au sommet se succèdent d'entrée : 22.800 spectateurs à Strasbourg, 19.200 à Nantes, 18.800 à Lyon, 10.500 à Rennes, 12.900 à Nice… Le SCO affiche pourtant des résultats moyens lorsque, à la cinquième journée, éclate un coup de tonnerre. A Jean-Bouin, devant près de 15.000 spectateurs, le leader stéphanois au grand complet est étrillé par une équipe angevine époustouflante. Ivan Curkovic encaisse un premier but dès la 4'. Le match se stabilise longtemps sur cette marque. Mais dans les vingt dernières minutes, le SCO survolté fait la différence. Berdoll, en état de grâce, marque trois nouveaux buts et réalise un quadruplé historique !

Trois jours plus tard, le Roumain Stefan Kovacs, nouveau sélectionneur de l'équipe de France, publie la liste des joueurs retenus pour France-Grèce. Contrairement à son prédécessur Georges Boulogne, adepte d'une tactique défensive et étriquée, Kovacs aime le beau jeu. Dès lors, il est logique que Berdoll et plus encore Guillou figurent – enfin – sur la liste des Bleus. Certes, la Grèce ne saurait (alors) constituer une grande affiche… «Ce qu'était venus voir les Parisiens, c'était moins France-Grèce que l'équipe de Kovacs, inattendue et jeune à souhait. […] Kovacs tenta alors un coup de poker : il remplaça Lacombe qui avait été le meilleur joueur sur le terrain, par Berdoll (57e) et l'Angevin, à peine entré, signa le deuxième but français. Etonnante réussite du joueur et de l'entraîneur !» La France l'emporte 3-1, Guillou est resté sur le banc. Le lendemain, à Saumur, Eric Bedouet fait partie de l'équipe de France Espoirs.

Malgré – ou à cause de – cette avalanche d'honneurs, le SCO passe un mauvais mois d'octobre et glisse de la quatrième à la onzième place. Mais, à partir de là, il réalise une excellente saison, marquée par quelques victoires retentissantes, en particulier un 4-0 contre Sedan (doublés de Berdoll et Antic) et un 6-1 contre Troyes (quadruplé d'Eric Edwige !). En Coupe de France, les amateurs de Garges-lès-Gonesses sont facilement écartés (6-1), de même que ceux de Baume-les-Dames (4-1, 1-0). Mais en huitième, ce sont des Stéphanois revanchards qui se présentent. Une fois encore, les Scoïstes ravissent leur nombreux public (17.964 spectateurs) en gagnant le match aller par deux buts de Berdoll et Edwige. Mais au retour, le Chaudron vert bout à toutes vapeurs et les Angevins subissent un cuisant 0-4 qui les élimine sans discussion. Mieux qu'une consolation, l'équipe junior atteint la demi-finale de la coupe Gambardella.

Entre-temps, l'équipe de France a ouvert encore plus largement ses portes à nos chers Scoïstes car le meilleur d'entre eux, Jean-Marc Guillou, y a désormais la place qu'il méritait depuis si longtemps. D'abord de manière informelle contre Anderlecht, à Lille où «Bertrand-Demasnes, Bereta et Guillou furent les meilleurs Tricolores» puis pour un prestigieux match amical à Gelsenkirchen, face aux futurs champions du monde : pour ses débuts officiels, Guillou affronte rien moins que les Beckenbauer, Höness, Overath et autre Gerd Müller devant plus de 70.000 spectateurs. «Ce match, marqué par les débuts de Guillou en équipe de France, commença remarquablement pour les nôtres dont le jeu était alerte, varié, précis, dynamique. Les occasion de buts furent nombreuses… […] Guillou fit les excellents débuts attendus.» Ce match est d'autant plus historique pour le SCO qu'à la 65' Marc Berdoll remplace Molitor. Pour la première fois, le SCO compte deux de ses joueurs dans le Onze national !

Six mois plus tard, la Tchécoslovaquie reçoit la France pour un nouveau match amical. «Parce que ce match n'a pas été télévisé, bien des Français n'ont pu voir le meilleur match des Tricolores de la saison 1973-1974. Un match au cour duquel nos joueurs, autour de Guillou, semblaient avoir trouvé un style. […] Match qui commença en coup de tonnerre puisqu'après sept minutes l'équipe de France menait 1-0, puis après une demi-heure pendant laquelle elle avait une véritable démonstration 2-0 !» La France rapporte un prometteur 3-3. Jean-Marc Guillou reçoit la médaille d'or de la Ville d'Angers pour ses sélections en équipe de France.

La fin de saison est un peu moins brillante. L'Argentine s'impose au Parc-des-Princes : «Aucun Français ne fut très satisfaisant et Guillou lui-même ne fit pas un match sans reproche.» Puis le SCO laisse échapper bêtement la 3ème place lors du dernier match en n'obtenant qu'un nul face au Paris FC après avoir mené 2-1 jusqu'à la 76' : il échoue à un point de Lyon, avec une bien meilleure différence de buts. Différence de buts obtenue grâce à… la meilleure attaque de France (77 buts, contre 74 à St-Etienne et 71 à Nice). Au premier rang des artificiers angevins avec ses 29 buts, Marc Berdoll est le vainqueur moral du classement des buteurs de D1. En effet, il n'est dépassé in extremis que par le Rémois Bianchi qui, au cours d'un match pour le moins… bizarre, marque cinq buts tandis que son compatriote et adversaire Onnis en inscrit quatre (Reims-Monaco 8-4) !

Après cette belle saison, le SCO devrait passer une été serein. Mais loin de la Coupe de Monde en Allemagne, l'affaire Guillou pourrit l'inter-saison. Alors qu'il lui reste un an de contrat, le meneur de jeu du SCO reçoit les sollicitations d'autres clubs, ce qui est strictement interdit. Ecoeuré par les manoeuvres des Marseillais et des Parisiens, aux dirigeants riches et sans scrupules, le président Kerjean démissionne le 11 juin : «Réglementairement, le SCO ne peut laisser partir Guillou pour plus de 120.000 F ; dans ces conditions, hors de question de le laisser partir !». De son côté, Guillou songe à abandonner le football : «Je demande au nom de quelle morale je n'aurais pas les mêmes droits qu'une société à défendre mes intérêts personnels, lesquels conditionnent non seulement mon avenir mais celui de ma famille.» Marseille propose 1 MF. Just Fontaine, entraîneur du PSG, emploie tous les moyens. Pour sortir de la crise, une conciliation est organisée par le Groupement le 26 juin à Paris : Abel Doizé représente le SCO et Daniel Hechter le PSG. Deux jours plus tard, le SCO et son meneur de jeu trouvent un accord : Guillou reste deux ans de plus !

Citations : “Cahiers de L'Equipe”, “Courrier de l'Ouest”.

Départs : Gaidoz (Cannes), Gallina (Paris F.C.), Lassalette, Nagy (entr., Fontainebleau)

Arrivées : Gonzales (entr.)

Effectif : Antic, Bedouet, Berdoll, Bourdel, Brulez, Cassan, Damjanovic, Edwige, Fiévet, Gonfalone, Gouraud, Guillon, Guillou, Le Chatellier, Lecoeur, Lemée, Noir, Poli, Weller – Entr. Gonzales
© Olivier Moreau 2004