Quatrième de la saison 1971-72, le SCO est - grande première ! - qualifié à la régulière pour disputer la jeune Coupe de l'UEFA. Celle-ci a pris la succession de la Coupe des villes de foires qui fut longtemps réservée à des équipes invitées. Le 12 juillet (St-Olivier et future date historique pour le football français), il apprend qu'il aura pour adversaire le Dynamo de Berlin, vice-champion d'Allemagne de l'Est et multiple champion national au cours des années précédentes qui, d'une certaine façon, peut être considéré comme « un très gros morceau !». Il ne s'agit certes pas d'un tirage facile mais le SCO possède a priori le niveau suffisant pour se qualifier. Le match aller est fixé au 13 septembre.
Entre-temps, le championnat français a démarré et le SCO, de retour de tournée à la Réunion, se révèle immédiatement à pied d'oeuvre. En ouverture, à Jean-Bouin, il écrase une équipe ajaccienne qui, tout au long de la saison, vivra un calvaire : Damjanovic, dès la 6', puis les nouveaux Scoïstes Lassalette et Antic règlent la cause dès la première demi-heure ; Edwige solde la marque à dix minutes de la fin (4-0). Pour la quatrième fois de son histoire, le SCO est en tête du championnat de France. Une semaine plus tard, il s'impose à Saint-Ouen - tandis que Marseille, double-champion en titre, reprend le commandement en écrasant Lyon 5 à 2 - puis domine Metz, obtient le nul à Sedan et vainctBordeaux à Lescure. C'est donc un SCO invaincu et figurant depuis des mois parmi les meilleures équipes françaises qui s'apprête à affronter un Dynamo de Berlin à court de compétition.
Pour l'occasion, Jean-Bouin fait l'objet d'une attention particulière. Une tribune prêtée par l'Orchestre des Pays-de-la-Loire est montée côté Mongazon et des chaises installées au pied des tribunes habituelles. Les Allemands, arrivés l'avant-veille du match, logent à la Boule-d'Or. De leur côté, les Angevins se mettent au vert à Saint-Mathurin. La veille du match paraît « Le Livre d'or du SCO » qui retrace l'histoire et l'actualité du SCO "football" sur 72 pages.
Arrive enfin le grand jour. Le préfet M. Vimeney, le président du Conseil général M. Esseul, le maire M. Turc, son adjoint au sport M. Grimault, les députés MM. Narquin et Chalopin, le président de la Ligue Atlantique M. Simon et le président général du SCO M. Laumonnier honorent de leur présence ce moment historique. Levée de rideau, musique du 41ème régiment d'infanterie de Rennes, hymnes nationaux, remise des cadeaux, pluie continuelle : le spectacle, suivi par 12.112 spectateurs (seulement), peut commencer !
Les Angevins dominent, sur l'ensemble de la partie, mais ils se heurtent à une très solide défense berlinoise qui, la saison précédente, n'a concédé que vingt buts en vingt-six rencontres et leur domination technique est stérile. Dans l'ensemble, la match est assez décevant, le club français, comme trop souvent en pareil cas, ayant abordé ce match "la peur au ventre" faute de confiance en soi et d'expérience européenne (Thierry Roland ("La fabuleuse histoire des coupes d'Europe", Nathan, 1985).
A la mi-temps, 0 à 0. Dès le reprise, « tiré par Edwige en direction de Guillou, le coup de pied de coin crée un certain affollement au sein de la défense allemande. Au point que le capitaine berlinois Peter Rohde, obéissant à un réflexe instinctif, arrête la balle de la main. » C'est le pénalty ! Jacky Lemée le transforme, inscrivant la premier but du SCO en Coupe d'Europe. Une demi-heure plus tard, « percée de Netz. Trop précipitamment peut-être, Poli, croyant ses buts en danger, fauche Schulenberg, blessé, qui [doit] sortir du terrain. » (C.O.) C'est un nouveau pénalty et Johanssen le transforme. Le SCO a nettement dominé au nombre de corners (9 contre 5, 6 à 0 en seconde mi-temps), mais il est devancé à mi-parcours.
Deux victoires plus tard, contre Strasbourg et - remarquable exploit - chez la brillante équipe niçoise -, c'est un SCO meilleure équipe de France (pour la dernière fois à ce jour...) qui joue sa qualification dans la capitale est-allemande devant 12.000 spectateurs. A la 28', l'arbitre anglais Mr. Burnes ne voit pas la flagrante position hors-jeu de Schulenberg, qui ouvre la marque. A la reprise, Lassalette, « infiltré au centre de la défense à la suite d'un service d'Edwige » égalise. Les deux équipes sont strictement à égalité sur l'ensemble des deux matches. Hélas, quatre minutes plus tard, Schutze, « en hors-jeu de plus trois mètres » inscrit le but de la victoire et de la qualification pour Berlin.
Cette élimination s'avère d'autant plus préjuciable qu'elle ouvre une période noire : en championnat, le SCO subit quatre défaites d'affilée et au total une série de six défaites en sept rencontres avec un seul but marqué. Il tombe au milieu du classement. Suit une période plus équilibrée, conclue fin janvier par une élimination d'entrée en Coupe de France, face au F.C. Nantes, futur finaliste et champion de France il est vrai. En revanche, la fin de championnat est satisfaisante : au cours des douze derniers matches, le SCO remporte 5 victoires (dont le derby de la Loire face au leader nantais devant plus de 14.000 spectateurs) pour 6 nuls et une seule défaite, à Marseille passé leader. Il se classe cinquième, ce qui le situe à nouveau parmi les toutes meilleures équipes françaises, derrière Nantes, Nice, Marseille et Saint-Etienne. Pourtant, peut-être parce que le SCO, une fois de plus, laisse le sentiment qu'il aurait pu encore mieux faire, Ladislas Nagy doit partir ; de tous les entraîneurs du SCO, il conserve à ce jour le meilleur classement d'ensemble.
Départs : Kovacevic (Partizan Belgrade), Rigaud (Bourges), Roy (Strasbourg)
Arrivées : Antic (Sarajevo), Bedouet (Trélazé), Lassalette (Angoulême)
Effectif : Antic, Bedouet, Berdoll, Bourdel, Brulez, Cassan, Damjanovic, Edwige, Fiévet, Gaidoz, Gallina, Guillou, Lassalette, Le Chatellier, Lecoeur, Lemée, Poli
© Olivier Moreau 2004