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Déroulé de la saison 1968/69

La saison

Champion de France de Deuxième division professionnelle.
1/2 finale de la Coupe de France.

Le SCO a perdu sa place dans l'élite. Abel Doizé, qui cumulait les fonctions de trésorier et de président de la section de football, cède cette dernière responsabilité à Jean Eveno, un industriel qui préside le club des supporters du SCO. Pour affronter le retour en D2, ils font le choix de conserver la quasi-totalité de l'effectif. Les seuls changements sont le départ de Milan Grobarcik, 35 ans, et l'arrivée d'Alain Gouraud comme troisième gardien. Plusieurs raisons expliquent ce choix. La première est qu'il faut remonter très vite : la D2 est en pleine crise, elle se meurt et certains des plus grand clubs n'y résistent pas (CORT, Racing, Stade Français, Red Star...). Le SCO est donc prêt à se donner tous les moyens pour ne pas moisir en ce marécage. Pour cela, autant conserver un effectif connu, qui vaut beaucoup mieux que son classement de 1968, qui n'a pas tout à fait démérité, mais qui doit être placé devant ses responsabilités pour prendre une revanche. Et puis le trésorier a su retenir ses joueurs à bon prix... En revanche, Tonin Pasquini a fait les frais de la descente, après six saisons à la tête du SCO. Son remplaçant est un ancien joueur de l'équipe de France et du Real Madrid, pas moins. Louis Hon, 44 ans, ancien lanceur du poids avant de passer au football, a été entraîneur en Espagne (Santander, Celta de Vigo, Betis de Séville, Saragosse). Il arrive de Lyon qu'il a conduit à la victoire en Coupe de France un an plus tôt.

On voit par là à quel point le SCO affiche ses ambitions, avec un effectif de première division et un entraîneur de haut calibre. Qui sont ses adversaires ? On trouve quelques vieilles gloires (Reims, Lille), des habitués de la D1 pas mal éclopés (Lens, Montpellier), les fidèles de la D2 qui survivent (Limoges, Toulon, Aix, Béziers, Besançon, Grenoble, Cannes, Boulogne-sur-Mer), des jeunes prometteurs (Nancy, Lorient, Avignon, Dunkerque, Angoulême, Gazélec, Chaumont), et pour compléter la tablée... le Bataillon de Joinville ! De ce lot, il est évident que le SCO se détache nettement... sur le papier. Il est le grand favori à l'accession directe.

D'entrée, devant 4.000 spectateurs, il marque trois points soit 2 pour la victoire contre Cannes et 1 pour avoir marqué trois buts : c'est le 'bonus' qui vient d'être institué en D2 pour stimuler les ardeurs offensives. Toulon en a fait autant (3-1 à Besançon), de même que Chaumont qui s'empare de la première place (4-1 à Montpellier). Mais quatre jours plus tard, c'est une grosse déception qui douche les prétentions angevines : le SCO est défait à Dunkerque, cité du corsaire Jean-Bart célébré en pleine ville par la statue monumentale de... David d'Angers (0-1). Il descend à la sixième place tandis qu'Angoulême prend le commandement (6-1 contre Boulogne) devant Aix (4-1 face à Besançon). Une semaine après, deux buts de Dubaële et un de Deloffre contre Avignon (3-1) lui permettent de se replacer dans le sillage d'Angoulême ; pour cette troisième journée, le bonus est acquis par Lorient, Nancy, Reims, Lille et Angers. C'est encore plus fort la fois suivante puisque le Gazélec, Toulon, Aix, Dunkerque, Nancy et Cannes en bénéficient ; la palme revient à Cannes (!) qui écrase le malheureux Racing Club Franc-Comtois par l'incroyable marque de 11 à 1 ! De son côté, le SCO remporte un précieux succès à Lens et reste à un point d'Angoulême.

Le tournant de la saison intervient lors de la cinquième journée. L'Entente chaumontaise explose à Jean-Bouin (nouveau nom du stade Bessonneau). Margottin marque quatre fois, Deloffre réussit le doublé, Poli et Roy complètent avec ponctualité (c'est la politesse des rois). Grâce à cette large victoire 8-2 et au bonus y afférent, le SCO s'installe au commandement car Angoulême a été accroché à Lille. Dès lors, personne ne reverra plus le SCO, il s'envole irrésistiblement. Les journées suivantes forment une succession de victoires à bonus : Montpellier-SCO 1-4, SCO-Lorient 3-0, Joinville-SCO 1-4, SCO-Nancy 5-2, Limoges-SCO 0-3, SCO-Boulogne 5-1, Besançon-SCO 1-5, SCO-Reims 4-1 (devant plus de 10.000 spectateurs), Lille-SCO 2-2 (seul accroc, devant plus de 11.000 spectateurs), SCO-Béziers 4-0, Grenoble-SCO 1-4, SCO-Gazélec 4-0. Tous les records sont battus, pulvérisés. Depuis la Libération, on n'a pas vu une équipe professionnelle dominer aussi outrageusement. Pour le dernier des matches aller, le SCO s'incline à Angoulême dans le match au sommet mais sa remontée ne fait déjà plus guère de doute. Son bilan est le suivant : 16 victoires, 2 nuls, 2 défaites, 15 bonus, 72 buts marqués (plus de 3,5 de moyenne) et 21 encaissés. On relève 1 quadruplé, 4 triplés et 10 doublés. Michel Margottin a marqué 15 fois, Jean Deloffre 11, Yvan Roy 10, Albert Poli 10, Jean-Pierre Dogliani 9...

Entre-temps, le SCO est entré en lice pour la Coupe de France. En tour préliminaire, qu'il n'avait plus fréquenté depuis 1955-56, il élimine difficilement la Stella de Douarnenez. En trente-deuxième de finale, c'est au tour du Stade Malherbe Caennais de résister et de ne céder que 2-1. C'est encore plus dur en seizième face au Racing Club de Lens : le SCO s'en sort en match d'appui à Paris (3-1). A partir des huitièmes, la qualification se joue sur deux matches. Contre l'Olympique Lyonnais (9ème en D1), le SCO gagne l'aller mais s'incline à Gerland. Il faut à nouveau disputer la belle, au Parc des Princes. C'est un nouveau succès angevin. En quart de finale, restent en course quatre clubs de D1 (Marseille, Bordeaux, Strasbourg, Paris-Sedan) et trois clubs de CFA (Saint-Germain, Mulhouse et Gueugnon). Ce sont les Forgerons qu'affronteront les Scoïstes. En Saône-et-Loire, le SCO attire plus de 5.700 spectateurs et l'emporte par un but de Deloffre (16'). Au retour, le même Deloffre marque encore au bout d'un quart d'heure et le SCO se qualifie assez facilement (2-1).

Le voici en demi-finale pour la quatrième fois (1957, 1962, 1966, 1969). Hélas, l'une des grandes figures des ces années héroïques n'est plus là pour fêter la qualification : Antoine Pasquini, victime d'une longue maladie, s'est éteint le 12 avril à Saumur. Le football angevin est en deuil.

Tandis que Paris-Sedan et Bordeaux, équipes de pointe en D1, se disputent une place en finale, le SCO a pour adversaire un Olympique de Marseille aux dents longues. Hormis la Coupe Drago 1957, le club olympien n'a rien gagné depuis son titre de champion de France en 1948. Sa dernière finale remonte à près de quinze ans et, entre-temps, il a bien failli mourir. En 1958, il a été relégué pour la première fois ; le pire fut atteint lors de la saison de D2 1964-65 avec une place de 14ème sur 16 ! Mais, depuis, l'O.M. a été pris en main par le charismatique Marcel Leclerc. Il a vite retrouvé la D1, a fini 4ème la saison dernière et affiche de solides ambitions. Entraîné par Mario Zatelli, il compte dans son effectif les titulaires de l'Equipe de France Jean Djorkaeff et Joseph Bonnel.

Le match aller est historique : ce 26 avril 1969, le stade Jean-Bouin accueille en effet 22.989 spectateurs. Si ce nombre varie selon les sources, il est certain que plus de 22.000 spectateurs sont présents et qu'on n'a jamais vu autant de monde pour un match de football en Anjou. Il faut dire que le SCO a son ticket en poche pour la D1 (il ne reste que trois journées) et donne tout pour le spectacle. Louis Hon aligne son équipe type : Gallina - Bourdel, Mouilleron, Chlosta, Perreau - Poli, Deloffre - Margottin, Dubaële, Dogliani, Roy. En face, l'O.M. présente sa redoutable attaque Magnusson-Bonnel-Joseph-Fiawoo. Malgré la qualité évidente des deux équipes, aucun but n'est marqué, le SCO conserve toutes ses chances. Quatre jours plus tard, la France affonte la Roumanie : Jean Djorkaeff devient le capitaine de l'Equipe de France tandis que Jacky Novi y fait ses débuts : l'O.M. compte ainsi trois Bleus dans ses rangs. Et dès le samedi, ils sont alignés contre le SCO. Le stade Vélodrome accueille 43.000 spectateurs venus soutenir leur équipe face au phénomène angevin (le SCO est invaincu en championnat depuis trois mois). Le Suédois Magnusson ouvre le score dès la 12ème minute mais le SCO donne la réplique. A la 18', c'est Roy qui égalise. La mi-temps est sifflée sur cette marque. En deuxième période, le jeu demeure équilibré, tant et si bien qu'on se dirige vers un match d'appui lorsque, à la dernière minute, Bonnel parvient à marquer et qualifie Marseille. Quelle déception pour le SCO qui se trouve éliminé sur le fil ! C'est encore en fin de match que les Olympiens remportent la finale contre les Girondins (Novi 80', Bonnel 89'). Quoi qu'il en soit, le bilan du SCO est exceptionnel : il est demi-finaliste de la Coupe et champion de France de D2, son premier titre professionnel. Il retouve immédiatement l'élite et emporte bon nombre de records de D2 : 29 victoires (en 40 matches soit 72,5%), 128 buts marqués (3,2 par match), 3 joueurs à plus de 20 buts (Deloffre, Dogliani, Roy), différence de buts de +83. Il faut remonter au Football Club de Rouen de 1935 pour trouver un tel palmarès.

Départs : Grobarcik, Pasquini (entr., Saumur)

Arrivées : Gouraud (Cholet), Hon (entr., Lyon)

Effectif : Bourdel, Chlosta, Deloffre, Dogliani, Dubaële, Edwige, Gallina, Gouraud, Guillou, Margottin, Mouilleron, Perreau, Poli, Prandin, Roy, Stiévenard, Tulik, Voloviec
© Olivier Moreau 2003