Un an après avoir abandonné la présidence du SCO omnisport, Jean Samain cède celle de la section football au trésorier Abel Doizé. Ce dernier, dont les qualités de négociateur ne sont plus à prouver, reçoit à cette occasion la médaille d´or de la Ville d´Angers. La présidence de Jean Samain aura duré plus de dix ans et procuré des moments très forts avec la montée en D1 et la finale de la Coupe de France.
Avant d´attaquer son neuvième championnat de France, le SCO s´offre rien de moins qu´une participation à une coupe européenne, comme Lens et Toulouse. La coupe Rappan (du nom de son créateur autrichien, aujourd´hui dénommée "Intertoto"), est née en 1961. Elle rassemble cette année 46 équipes de 12 nations qui s´affrontent par poules, les meilleures accédant au tableau final. Les trois adversaires des Angevins sont les Suédois de l´AIK Stockholm, les Tchécoslovaques du Slovnaft de Bratislava (actuel Inter), double tenant du titre, et les Yougoslaves du NK Sarajevo. Pour la première rencontre, ces derniers se déplacent à Angers. Grâce à un but d´Ehrhardt à la 25´, le SCO l´emporte devant 4.697 spectateurs. Une semaine plus tard, les Suédois font les frais de la motivation angevine, pour la joie des spectateurs de Bessonneau : menés 3-0 dès la mi-temps, ils ne sauvent l´honneur qu´à une minute de la fin. Voici donc le SCO en tête de sa poule.
Le match suivant, à Stockholm, est beaucoup plus douloureux : malgré un but de Stiévenard, le SCO est sévèrement battu (4-1). C´est encore pire quatre jours après à Bratislava (4-0). Certes, le SCO est encore deuxième mais il doit se ressaisir à Sarajevo la semaine suivante. Devant 6.000 spectateurs, le SCO tient bon à la mi-temps et n´est mené que d´un but marqué juste avant la pause par Biogradilic. Les affaires se corsent dès la reprise, ce dernier doublant la marque (47´). Il réussit le coup du chapeau vingt minutes plus tard, ce qui provoque l´effondrement des Angevins. Rustic (81´), Musovic (83´), Prijaca (86´) et enfin Blazevic (89´) scellent la déroute française (7-0). Devis, écoeuré par la tournure des évènements, est si dépité et en veut tellement à l´arbitre qu´il refuse de jouer et s´asseoit devant son but ! Avec ce revers, il est évident que le SCO n´a plus aucune chance de se qualifier et la dernière défaite à domicile devant Bratislava (0-3) n´est qu´anecdotique. C´est la dernière rencontre des Devis, Defnoun, Ehrhardt et Dalla Cieca sous les couleurs angevines.
Un mois plus tard, pour la reprise du championnat, neuf nouveaux les étrennent : les expérimentés Chevalier, Roussel et Sansonetti, les solides Schleider et Sérafin, les prometteurs Dogliani et Mouilleron (qui passeront de belles années au SCO) ainsi que Deleuil (une déception, en revanche) et le régional Serge Tulik venu du Foyer de Trélazé. Comme tous les ans, la bande à Pasquini rate son début de championnat. En ouverture, Toulouse vient s´imposer avec dans ses buts... Robert Devis ! Puis le SCO est battu à Lyon (5-2) et à Lens (1-0). Le Stade Rennais venant s´imposer à Bessonneau, voici le SCO bon dernier. Le nul arraché à Valenciennes ressemble à l´amorce d´un redressement, comme chaque année, ce que la victoire devant Sedan tend à confirmer (3-0). Mais la situation est plus grave que par le passé car, cette fois-ci, le SCO ne parvient pas à décoller. Il subit même un échec retentissant à Toulon : 4-0 devant le promu miracle qui parade en tête du championnat. On observe certes une amélioration au début de l´hiver mais la sortie immédiate de la Coupe de France devant les amateurs du Stade Malherbe Caennais (3-2) provoque une rechute : cinglante défaite 6-0 chez le stade Rennais. L´élimination de la Coupe Drago, elle aussi dès le premier tour, l´aggrave encore car suit une série de sept matches sans victoire.
Tant et si mal que le SCO se trouve dans la pire situation sportive qu´il ait connue en vingt ans de professionnalisme. A six journées de la fin, il est bon dernier avec 21 points. Toulon, en chute libre, en a 22, Sedan 25, Rouen, Lens et le Stade 26, Lille et Nîmes 27. A raison de 2 points par victoire, et sachant que seul le dernier est automatiquement relégué, il faut impérativement devancer Toulon ; ensuite, il faudra s´en remettre aux barrages entre le 16ème et le 17ème et les meilleurs de D2. Le SCO se déplace à Bordeaux, chez le troisième : Hubert Zénier ouvre la marque dès la 13´ ! Hélas, les hommes d´Artigas sont bien les plus forts et ils enfoncent nos pauvres Angevins (2-1). Hormis Toulon, tous les rivaux ont encore pris un point.
Trentième journée. Le SCO (18ème et dernier, 21 points) reçoit Rouen (13ème, 28 points), match de la dernière chance pour conserver un faible espoir d´éviter les très hasardeux barrages. Les Angevins attaquent d´entrée et cueillent les Rouennais à froid : Mouilleron marque deux buts en cinq minutes (score final : 3-0) ! Du coup, ils abandonnent la lanterne rouge aux malheureux Toulonnais.
Trente-et-unième journée. Encore un match à quatre points puisque le SCO (17ème, 23 points) accueille le Stade Français (16ème, 27 points). Cette confrontation entre les deux probables barragistes est serrée, tendue. Finalement, Stiévenard libère les 5.665 spectateurs en inscrivant le but de la victoire à la 88´. Nimes a perdu, Rouen et Sedan ont marqué un point : le SCO en a désormais 3 d´avance sur un Toulon en pleine déconfiture et maintenant promis à la relégation directe, 2 de retard sur son adversaire du jour et 3 sur Sedan. Il reste trois matches pour réaliser l´exploit d´éviter les barrages.
Trente-deuxième journée. Il s´agirait bien d´un exploit, en effet, car il faudrait pour cela ne pas perdre chez le Racing Club de Strasbourg, quatrième, qui vient d´accrocher le leader nantais. Les Angevins sont décidément sur le pente ascendante et les Schuth, Hauss, Kaelbel, Gress et Hausser n´y peuvent rien : le SCO l´emporte en Alsace par un but de Jacques Mouilleron. S´il est encore baragiste, le SCO (27 points) devance maitenant le Stade ; Sedan est à 1 point, Rouen et Nîmes à 2.
Trente-troisième journée. Ce sont précisément les Crocos qui rendent visite à leurs bons amis angevins pour un nouveau match décisif. Deux ans après leur mémorable défaite, leur situation a bien changé : il ne s´agit plus pour eux de conquérir le titre mais de rester en D1. Or il faut croire que Bessonneau leur est maudit : deux doublés de Stiévenard et de Zénier auxquels s´ajoute un but de Sérafin et le SCO euphorique s´offre un quatrième succès d´affilée ! Du coup, il dépasse Sedan (28 points), devance Rouen, le Stade et Nîmes (29 points également) et s´empare de la 13ème place, son meilleur classement de la saison. Devant, Lille (32 points) ne peut plus être rejoint.
Trente-quatrième et dernière journée. Tandis que Nantes (contre Monaco) et Bordeaux (contre Saint-Étienne) se disputent le titre, et que le sort de Toulon est déjà réglé, c´est la lutte finale pour éviter les barrages. Rouen reçoit Valenciennes (3ème) et le Stade Sochaux (9ème) ; Nîmes et Sedan jouent le match de la peur. Pour sa part, le SCO clôt sa saison à Toulouse (10ème) avec la ferme intention de décrocher le point du maintien. Et ça ne traîne pas : trois minutes de jeu et déjà M. Kitabdjian siffle un pénalty pour les Angevins. Stiévenard transforme. En pleine confiance, les Angevins doublent puis triplent la marque par Silvio Sérafin (20´ et 25´). Le SCO mène 3-0 à la demi-heure de jeu ! Il l´emporte finalement 3-1, assurant ainsi son maintien parmi l´élite. Comme il nous a fait peur ! Mais comme ce maintien a l´agréable saveur de l´exploit !
Départs : Dalla Cieca (Red Star), Defnoun (Hussein-Dey, Algérie), Devis (Toulouse), Ehrhardt (Lille), J.-P. Gonfalone (Laval), Thomas (Nice)
Arrivées : Bourrigault (Rennes), Chevalier (Nancy), Deleuil (Marignane), Dogliani (Marseille), Mouilleron (Limoges), Roussel (Toulouse), Sansonetti (Valenciennes), Schleider (Le Havre), Sérafin (Besançon), Tulik (Trélazé)
Effectif : Bourdel, Bourrigault, Bruey, Chaveneau, Chevalier, Chlosta, Deleuil, Dogliani, Grobarcik, Kicinski, Mouilleron, Roussel, Sansonetti, Schleider, Sérafin, Stiévenard, Tulik, Zénier, Ziemczak
© Olivier Moreau 2003