La saison
14ème en championnat de France de Première division professionnelle.
Demi-finale de la Coupe de France.
Exempté de la Coupe Drago.
Voilà une saison bien contrastée ! Médiocre en championnat où, pour la première fois, il ne quitte pas la seconde moitié du classement, le SCO est brillant en Coupe de France. En outre, il réalise encore une fois l'exploit de l'année...
Michlowski choisit de régénérer la défense et l'attaque : Zaetta part à Besançon tandis que Kowalski et Wognin sont échangés contre Vidal (Grenoble) et Stiévenard (Lens). De plus, il recrute les solides arrières Milan Grobarcik, « un défenseur vigoureux, opiniâtre et au marquage très strict », et Robert Venturi : connaissant, d'une part, les euphémismes virils des commentaires d'époque et sachant, d'autre part, que Venturi arrive de Nîmes, on peut affirmer sans se tromper qu'avec eux la défense angevine gagne en rugosité.... Enfin, Michlowski réactive la filière lorraine qui avait si bien réussi au SCO dix ans plus tôt et recrute les jeunes Zygmunt Chlosta et Germain Kicinski ; pendant des années, le premier nommé fera vivre de grandes heures au public angevin !
De toute évidence, la mayonnaise tarde à prendre. Le SCO, qui a la malchance de démarrer par deux matches à l'extérieur, se retrouve vite dans les profondeurs du classement. Au quart du championnat, il est avant-dernier. Il parvient heureusement à se ressaisir en infligeant sa deuxième défaite de la saison au Stade de Reims, futur champion de France (2-0, Stiévenard et Vidal).
Le SCO s'est stabilisé dans le ventre mou au moment d'aborder la Coupe de France, en janvier 1962. Nantes cède sans difficulté (4-1), Montpellier s'accroche (3-2 après prolongation), Toulon fait de la résistance (2-2 après prolongation puis 3-1). A Grenoble, en quart-de-finale, Célestin Oliver permet d'écarter l'Olympique de Marseille, alors à la lutte pour retrouver la Première division. Voici donc le SCO dans le dernier carré, cinq ans après. C'est d'ailleurs un carré faible puisque y figurent Saint-Etienne et Metz, mal en point en championnat et qui seront relégués ; seul le Football Club de Nancy, quatrième, fait honneur à la Coupe.
Le tirage au sort désigne pour adversaire Saint-Etienne tandis que les deux équipes lorraines s'affronteront pour l'autre place en finale. La rencontre entre Angevins et Stéphanois a lieu le 1er avril, ce qui contraint à reporter à la fin du mois la venue du leader nîmois à Bessonneau (un match dont on reparlera...), et a pour cadre le Parc des Princes. Menés dès la 24' par un but de Jean Oleksiak (père d'un futur Scoïste), les Angevins ne parviendront jamais à égaliser et abandonnent aux Verts la place en finale.
Un mois plus tard, c'est un Nîmes Olympique tout près de son premier titre qui se déplace en Anjou. Les hommes de Firoud courent après depuis quelques années (vice-champions en 1958, 59 et 60, finalistes de la Coupe de France en 1958 et 61, demi-finalistes en 60). Après ce match en retard, il ne leur restera que deux rencontres : autant dire que les Crocodiles viennent pour gagner le championnat. Près de 13.000 personnes ont d'ailleurs garni les tribunes du stade Bessonneau pour cette belle affiche en nocturne.
Est-ce la pression qui pésent trop fort sur les épaules nîmoises ? Ou bien la motivation angevine qui se trouve décuplée par la qualité de l'adversaire ? Toujours est-il que dès la 5' «Bruey sert l'inter gauche Loncle qui plonge et sur centre au six mètres Stiévenard bat Bernard». Moins de dix minutes plus tard, sur coup franc d'Oliver, Stiévenard sert Thomas dont la reprise est dégagée en corner : l'envoi de Stiévenard trouve alors la tête de Bruey qui double la marque avant même le premier quart d'heure. Puis une violente frappe de Stiévenard laisse Bernard immobile (doublé). Et le SCO, tenant le choc, regagne les vestiaires avec une avance inespérée (3-0).
Les Nîmois de Firoud n'étant pas des tendres, on peut craindre une seconde période difficile pour nos Angevins. Mais contre toute attente, Loncle, après un «travail technique remarquable» expédie un tir sec à ras de terre» : nouveau but (52'). Par «un relais avec Bruey, Venturi monte et passe à Thomas en centre-avant qui marque» (61'). Le SCO mène 5 à 0 ! Evidemment, Nîmes Olympique finit par marquer mais le SCO réplique : 6-1 (Bruey, qui «exploite de plus de 35 mètres, magistralement, une passe de Thomas») puis 7-2 (Thomas). Cette folle partie n'est pas terminée : à cinq minutes de la fin, Thomas réussit le triplé en rentrant un invraisemblable huitième but angevin. La marque se clôt par un pénalty du Nîmois Bettache : 8 à 3 ! Après le 6-2 infligé au Stade de Reims en 1960, le SCO réalise à nouveau un exploit retentissant. «Ce magistral succès lui conserve sa place en division nationale».
Les Crocodiles pleurent le titre envolé. Un mois plus tard, redevenus leaders, ils s'inclinent chez le Stade français, se faisant coiffer sur le poteau par le Racing et par Reims, vainqueurs à Monaco et devant Strasbourg : Reims est champion au goal-average (meilleur ratio buts marqués / buts encaissés - avec les règles actuelles, le Racing aurait été sacré -) et Nîmes termine 3ème à... un point. Il lui faudra dix ans pour retrouver ce niveau.
Départs : Kowalski (Grenoble), Poirier (Evron), Wognin (Lens), Zaetta (Besançon)
Arrivées : Chaveneau, Chlosta (Giraumont), Grobarcik (Lyon), Kicinski (Giraumont), Stiévenard (Lens), Venturi (Nîmes), Vidal (Grenoble)
Effectif : Bourrigault, Bruey, Chaveneau, Chlosta, Devis, Grobarcik, Hnatow, Kicinski, Lamartine, Le Gall, Loncle, Oliver, Pillard, Stiévenard, Thomas, Venturi, Vidal, Voloviec
© Olivier Moreau 2003