La saison
Vice-champion de France de Deuxième division professionnelle et accession en Première division professionnelle.
8èmes de finale de la Coupe de France.
3ème tour de la Coupe Drago
Rien ne laisse prévoir que cette saison 1955-56, onzième du SCO dans les rangs professionnels, sera à marquer d'une pierre blanche. Ainsi le recrutement est-il très limité : sont engagés deux joueurs expérimentés - le demi Francis Camoin et le spectaculaire portier Eugène Fragassi - et le tout récent lauréat du concours du meilleur jeune footballeur James Sabourault ; Alphonse Le Gall n'arrivera qu'au début de l'hiver. Il faut dire qu'en sens inverse les défections sont aussi peu nombreuses.
L'entrée en scène des Scoïstes est fracassante : à Bessonneau, le 21 août, ils écrasent les modestes Aixois 6 à 1 devant 2.000 spectateurs et s'emparent de la première place du classement. La suite est moins brillante : après quatre journées, le SCO est quatorzième. Il se reprend avec notamment une importante victoire à Valenciennes (1-0, but de Biancheri) mais, comme chaque année, l'arrivée des mauvais jours nuit aux Angevins. Michlowski a beau faire alterner les gardiens Moureau et Fragassi, s'aligner lui-même (son ultime apparition comme joueur), rien n'y fait : son équipe subit une série de sept défaites en neuf matches ; bien entamée par une victoire à Sète et un nul à Perpignan, la longue tournée méridionale de novembre se poursuit par trois revers à Alès, Cannes et Béziers.
Le mois de décembre marque un nouveau sursaut et le SCO signe quatre victoires d'affilée. Décidément, le SCO 55-56 ne fait pas dans la demi-mesure (trois matches nuls seulement dans la saison). Cette équipe est capable de battre n'importe qui mais à Noël son bilan est décevant. Ce qui fait dire au Courrier de l'Ouest que "la perspective est bien lointaine" de découvrir un jour la Première division... Au début de 1956, il attaque la Coupe de France et efface sans la moindre difficulté des adversaires de rang inférieur (Montreuil 9-0, Cherbourg 5-1, Blois 6-3) mais succombe devant Saint-Etienne (futur 4ème de D1) en huitième de finale. Il est alors versé en Coupe Drago où Monaco (futur 3ème de D1) l'élimine aussitôt.
Qu'importe aux Scoïstes ! L'essentiel n'est plus là car ils visent désormais la montée ! En effet, ils ne connaissent plus que la victoire en championnat depuis la mi-janvier. Successivement, Besançon, Montpellier, Le Havre, Sète, Cannes, Béziers, Alès, Toulon et le C.A.P. sont battus, parfois sévèrement. Le SCO est remonté à la troisième place du classement et joue devant plus de 6.000 spectateurs. Kryslack, Jackstell, Tison, Biancheri et Le Gall enfilent les buts tandis que Fragassi et Moureau sont quasi invulnérables. Cependant, le déplacement à Roubaix le 15 avril marque un coup d'arrêt : les attaquants angevins restent muets pour le première fois depuis 17 matches de championnat et l'ancien champion de France (1947) bat le SCO 2 à 0. Il reste six matches à jouer pour devancer Rennes, Valenciennes, Béziers et Alès. Précisément, c'est le grand rival valenciennois qui se présente la semaine suivante. 11.350 spectateurs se sont installés autour de la pelouse du stade Bessonneau pour le choc du week-end ! Les Angevins se sont bien remis de leur défaite roubaisienne et Le Gall ouvre la marque (31'). Tison, le plus Nordiste des Angevins, la double à la 40' et le SCO mène 2-0 à la mi-temps. Une heure plus tard, il remporte un éclatant succès dans la course à la montée en s'imposant 3 à 0 (Le Gall, 53'). Dès lors, les Scoïstes deviennent irrésistibles : ils sont les plus forts dans la dernière ligne droite : doublé de Kryslack devant le Red Star puis triplé devant Perpignan, doublé de Jackstell face au Red Star et à Rouen, triplé de Le Gall contre Grenoble et doublé contre Perpignan. L'écrabouillement des Catalans assure presque la montée : à la veille du dernier match, le SCO, deuxième, est en effet maître de son destin car seule une très lourde défaite pourrait le retenir en D2. L'ultime rencontre l'oppose au Football Club de Nantes dans un fameux derby. Bien sûr, les Nantais se trouvent en fin de classement et sont notoirement inférieurs mais ils se sont imposés à l'aller à Angers, ont besoin d'assurer leur avenir et jouent à domicile. Enfin presque : en ce 27 mai, le public est venu nombreux et au moins 3.000 Angevins ont fait le court déplacement pour ce match historique. Les Scoïstes attaquent immédiatement et Kryslack marque dès la 3' : son but est - hélas - refusé pour hors-jeu. Malgré les efforts angevins, rien ne veut entrer jusqu'à la fin de la première mi-temps où le Nantais Smolensky lobbe son propre gardien : le SCO mène 1-0 et n'est plus qu'à 45 minutes de la délivrance. Et en fin de match, alors que l'heureuse issue ne fait plus de doute, Kryslack marque d'une reprise de volée le second but angevin dans le tonnerre de cris et d'applaudissements qu'on imagine. Le SCO est en Première division ! Ce qui paraissait inimaginable à mi-saison a été rendu possible par une extraordinaire série des hommes de Michlowski. Au cours des 22 derniers matches, ils ont remporté 19 victoires pour seulement 3 défaites, marqué 68 buts pour 17 encaissés. Cette saison aura procuré plusieurs des plus grosses victoires scoïstes : Aix (6-1 puis 4-0), Besançon (5-0), Montpellier (4-0), Red Star (6-1) et enfin Perpignan (8-0) ! C'est à peine si l'on regrette le titre de champion, abandonné pour 1 point au Stade rennais, car désormais une grande aventure commence...
Départs : Jabstrewski, Reigner (Cholet), Vaslin (La Rochelle)
Arrivées : Camoin (Sète), Fragassi (Monaco), Le Gall (Marseille), Sabourault (Châtellerault)
Effectif : Biancheri, Bourrigault, Friedrich, Guttowski, Jackstell, Kowalski, Krislack, Michlowski, Moureau, Pasquini, Sbroglia, Schindlauer, Tison, Walter
© Olivier Moreau 2002