Miraculé en Deuxième division, le SCO démarre la saison 1995-96 en quête de revanche avec un nouvel entraîneur. Il arrive de Dijon qui évolue un étage en-dessous. Bruno Steck, Alsacien de 38 ans, n'est pas un inconnu en Anjou puisqu'il a porté le maillot du SCO en 1979-80 : il présente d'ailleurs la particularité d'avoir connu presque tous les clubs professionnels de l'Ouest : Nantes (où il fut champion de France 1977) et Angers mais aussi Rennes, Tours, Brest, Niort et Laval. Steck amène avec lui plusieurs joueurs dijonnais : le gardien remplaçant Sylvain Bied (un ancien du Paris Saint-Germain) et les stagiaires Farès Bouchellaleg, Frédéric Chevalme et Guillaume Graechen.
Au rayon des départs, l'excellent Jean-Marie Aubry accède à la Première division avec Lille après six belles saisons passées au SCO. Mustapha El Haddaoui met un terme à sa riche carrière (avant, quelques mois plus tard, de jouer à la Réunion), ainsi qu'Eric Stéfanini qui prend les rênes de Doué-la-Fontaine. Des jeunes, dont le talent n'a guère trouvé à s'exprimer en Anjou, vont tenter leur chance ailleurs, parmi lesquels Bernard Lambourde qui jouera quelques années à Chelsea. Enfin, Thomas Deniaud, qui était devenu la coqueluche de Jean-Bouin, retourne à Auxerre.
A l'inverse, plusieurs anciens Scoïstes font leur retour : Baratté Cissé, Guillaume Masson (qui était prêté à Metz), Stéphane Mottin et Philippe Rabouan (sous-employé à Guingamp). Le SCO recrute également l'arrière droit Stéphane Soppo-Din, 24 ans, en provenance de Strasbourg où il jouait avec l'équipe réserve, et trois joueurs expérimentés. L'attaquant corse Jean-Roch Testa, 31 ans, a bourlingué à Bastia, Toulon, Le Havre, Toulon encore, Dijon, Gueugnon, Le Havre à nouveau et enfin à Sedan. Tout le contraire de l'international roumain Emil Sandoï, défenseur central de 30 ans, qui a fait toute sa carrière à l'Universitea Craiova. Enfin, le milieu de terrain Laurent Delamontagne constitue la pièce maîtresse du recrutement du SCO, avec ses dix ans d'expérience comme titulaire en D1 à Rennes puis à Lyon.
L'entame de saison est médiocre. Le SCO accroche le nul à Nancy et à Marseille mais ne parvient pas à vaincre le promu poitevin : il se trouve 16ème après trois jounées. Le deuxième match à Jean-Bouin se solde par une défaite 2-1 devant le Red Star mais les joueurs de Steck se rattrapent en gagnant à Niort. Seulement, le mois et demi qui suit est catastrophique, avec huit matches sans victoire contre des adversaires de second plan. Le calvaire des deux saisons précédentes se poursuit, le résultat et la manière font autant défaut.
Malgré une inattendue victoire à Perpignan début octobre, la défaite lors du déplacement suivant à Caen (0-2) scelle le sort de Bruno Steck dont le bilan est sévère : en 16 matches officiels, 2 victoires et 9 buts marqués traduisent la pauvreté du football offert par le SCO. C'est André Guesdon, le propre prédécesseur de Steck, qui lui succède. Pour l'ancien Bastiais, cette promotion sonne comme une revanche : le président Briant admet en quelque sorte son erreur de l'avoir renvoyé au centre de formation sans lui donner sa chance.
Ulrich Ramé fait les frais de l'opération : il est supplanté par Nicolas Sachy. Le défenseur central Emil Sandoï est écarté lui aussi. L'entrée en matière de Guesdon est réussie : le SCO se qualifie au premier tour de la jeune Coupe de la Ligue (1-0 contre la modeste formation d'Epinal, devant moins de 1500 spectateurs angevins). Mi-novembre, le SCO fait craquer le Stade Lavallois 3-0. Mais ce ne sont que des feux de paille. Le parcours en championnat est calamiteux durant tout l'hiver. A commencer par le dernier des matches aller, à Alès. Devant 328 spectateurs se déroule un pathétique affrontement entre les deux derniers de la classe : piètre vainqueur, Alès remporte néanmoins sa première victoire de la saison ! Pour le SCO, c'est le début d'une série de 14 matches sans succès.
De manière illusoire, les dirigeants scoïstes croient devoir recourir à un homme providentiel. Les finances étant mal en point, ils lancent une souscription pour emprunter à Guy Roux son attaquant Deniaud. Ce dernier fait son retour en Anjou à l'occasion de la réception de l'Olympique de Marseille (1-1 devant 7000 spectateurs). La seule satisfaction, relative, est tirée du parcours en Coupe de France. Difficile vainqueur de Segré au 7ème tour, le SCO frise la correctionnelle au tour suivant, seulement vainqueur du Stade Bordelais aux tirs aux buts. Après avoir éliminé Saint-Lô, il affronte le PSG en seizième-de-finale au Parc des Princes en présence de plus de 15000 spectateurs et s'incline logiquement 2 à 0. En fin de saison, l'équipe parisienne remportera la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupes.
L'arrivée du printemps marque un sensible redressement du SCO et la seule bonne séquence de la saison : les Angevins remportent quatre victoires en cinq matches, inscrivant 7 buts pour 2 encaissés et faisant naître les espoirs les plus fous. On se remémore l'année 1965 ! Mais les Scoïstes sont battus à Laval et accrochés par Alès. La dynamique est brisée. Dès lors les jeux sont faits. La fin de parcours est à l'image de la saison : pitoyable. Les seuls à se réjouir à l'issue du dernier match sont les Nancéiens qui en s'imposant à Jean-Bouin assurent leur montée en Première division. Tandis que le SCO, pour la première fois depuis 1945, quitte les rangs des championnats professionnels.
Départs : Aubry (Lille), Badiane (Poitiers), Boulday (Tours), Bourgeais (Ancenis), Deniaud (Auxerre), Discolle (Tours), El Haddaoui (arrêt), Fernandez (Bordeaux), Lambourde (Cannes), N'Zamba (Libreville, Gabon), Stéfanini (Doué-la-Fontaine).
Arrivées : Bied (Dijon), Bouchellaleg (Dijon), Chevalme (Dijon), Cissé (Abidjan, Côte-d'Ivoire), Delamontagne (Lyon), Deniaud (Auxerre), Graechen (Dijon), Larre (Montevideo), Masson (Metz), Mottin (Clermont-Ferrand), Rabouan (Guingamp), Rodriguez (Saint-Malo), Sandoï (Craiova, Roumanie), Soppo-Din (Strasbourg), Testa (Sedan).
Effectif : Bied, Bonnot, Bouchellaleg, Chevalme, Cissé, Delamontagne, Deniaud, Dorado, Ducourneau, Etourneau, Garcia, Garnier, Gehra, Gilbert, Graechen, Larre, Lhommédé, Masson, Mottin, Mouyémé, Poulard, Rabouan, Ramé, Rey, Sachy, Sandoï, Soppo-Din, Tambouret, Terrien, Testa – Entr. Steck puis Guesdon.
© Olivier Moreau 2008