Bernard Bongibault a remarqué et apprécié les performances de Pierre Garcia avec le Stade Quimpérois. Il obtient l'accord du technicien pour entraîner le SCO. Pied-noir d'Algérie, ancien joueur professionnel vainqueur de la Coupe de France avec Rennes en 1971, il a déjà derrière lui une douzaine d'années d'expérience comme entraîneur à Saint-Brieuc puis à Rennes alors en pleine reconstruction (79-82), à Abbeville qu'il a maintenu à flot pendant trois ans et enfin, donc, à Quimper qu'il a mené à de probantes 8ème puis 5ème places.
Du côté des joueurs, Jean-Pascal Beaufreton est promu à Saint-Étienne, Christophe Desbouillons prépare sa reconversion à Meaux, Alain Larvaron rejoint la fraîche formation du Mans Union Club. Le recrutement se porte sur des joueurs solides : à l'arrière Gilles Eyquem, héros moustachu de la montée des Chamois Niortais, formé à Bordeaux et âgé de 28 ans, et Farid Chellat, jeune Racingman ; au milieu Tony Gianetta, Rémois de 26 ans, et Zvonko Popovic, 26 ans, vice-champion de Yougoslavie avec le Partizan ; en attaque Jean-Pierre Bertolino, un autre Rémois de 27 ans, et Jean-Luc Guillot, Mosellan du même âge qui nous arrive d'Esch-sur-Alzette. Quant au poste de gardien, il sera confié soit au jeune Pageaud soit à Philippe Schuth, 21 ans, le fils de Johnny, " très sûr malgré son âge " ; Schuth ne disputera en tout et pour tout que quatre matches.
Ironie du sort, l'ouverture du championnat a lieu… à Quimper ! Le SCO égalise à la 91' par Sauvaget puis enchaîne trois victoires à domiciles et trois défaites à l'extérieur (dont un fort décevant 0-2 chez Dunkerque pourtant dernier). Au terme d'un bon nul contre Rouen devant 8.000 spectateurs, il s'installe dans le peloton de tête. Le milieu de terrain se révèle très bon et Sauvaget est concluant : il a marqué 6 buts en cinq matches.
En fin d'année 1987, le SCO s'incline à Beauvais où Metsu vient de remplacer Bialas puis, le 19 décembre, faisant son entrée en Coupe de France, il en est immédiatement sorti par le rival départemental, Cholet. Immédiatement ? Pas tout à fait car, à Jean-Bouin et en présence de 2.500 spectateurs, le " temps réglementaire " s'achève sur une marque vierge. Et c'est un but couperet inscrit par Bideau qui qualifie le Stade Olympique Choletais à la 120'.
Mais le SCO s'en remet bien. Victorieux à St-Quentin, tenant Reims en échec, vainqueur de Valenciennes puis, à la 30ème journée triomphateur 3-0 à Rennes (où Mottin inscrit son premier but et où le jeune Filnambu entre en jeu à la place de Marin), il se place, à quatre journées de la fin, à 1 point de la position de barragiste. Mais alors que les espoirs de montée renaissent après tant d'années moroses, il échoue contre Mulhouse en présence de 7.000 spectateurs puis essuie à Caen une lourde défaite 0-4. Il finit quand même sixième au terme d'une saison très encourageante. Les supporteurs angevins sont donc surpris lorsque que Pierre Garcia annonce son retour à Quimper, suscitant la déception générale.
C'est qu'en coulisses beaucoup de choses ont changé. Bernard Bongibault, en fin de mandat, est en conflit avec la ville qui lui reproche de n'avoir pas respecté leurs accords : sont en cause un déficit prévisionnel de 150 à 200.000 euros et un manque de trésorerie qui étrangle le SCO. Le président du SCO est accusé d'avoir surévalué les affluences et, plus grave, d'avoir dépensé plus que la masse salariale budgétée. L'affaire a éclaté en Conseil municipal le 4 janvier quand la Ville a annoncé qu'elle n'apportera aucune aide pour combler le déficit. Est également apparu un problème juridique : le SCO omnisport, association support, et le SCO football, dépourvu de personnalité juridique, se renvoient la balle pour régler une facture et le fournisseur mécontent s'est plaint. Enfin, Bongibault a signé un avenant laissant libres les deux entraîneurs, ce qui constitue un cadeau empoisonné pour le futur président, quel qu'il soit.
Le docteur Tondut, soutenu par la Ville, se porte candidat à la tête d'une liste d'opposition avec notamment MM. Fraboulet et Viémont ; Bernard Bongibault, amer en considérant que son travail de redressement sportif n'est pas récompensé, renonce à se représenter, de même que ses colistiers Le Dû et Moïse. Solidaire, Pierre Garcia décide de quitter le SCO. Jacques Tondut élu est chargé par la Ville de mettre en œuvre la transformation de l'équipe professionnelle en société commerciale. Alors que les rumeurs évoquent la venue de Gauthier ou de Suaudeau, c'est finalement le premier qui est choisi le 22 avril pour succéder à Garcia.
Départs : Acosta (Red Star), Atamaniuk (Sens), Beaufreton (Saint-Étienne), Desbouillons (Meaux), Larvaron (Le Mans), Thiam (Chaumont)
Arrivées : Bertolino (Reims), Chellat (Racing), Eyquem (Niort), Garcia (entr., Quimper), Gianetta (Louhans-&-Cuiseaux), Guillot (Esch-sur-Alzette, Luxembourg), Popovic (Partizan de Belgrade, Yougoslavie), Schuth (Strasbourg)
Effectif : Bertolino, Chellat, Claudien, Eyquem, Falette, Filnambu, Gauvrit, Gianetta, Grosbois, Guillot, Marin, Mehli N., Mottin, Moulin, Pageaud, Perrocheau, Popovic, Rabouan, Rivière, Sauvaget, Savrot, Schuth – Entr. Garcia
© Olivier Moreau 2006