Tandis que Canal+ a fait ses débuts quelques mois plus tôt et que l'économie du football français va en être progressivement transformée, la D2 vit une période particulièrement sombre. Plusieurs clubs " pro " historiques sont en péril. Les dirigeants du SCO tablent ainsi sur le retrait de Besançon ou de Limoges au sujet desquels les informations les plus préoccupantes circulent. Finalement, c'est du Stade Français que viendra la délivrance. Après une ascension fulgurante qui lui a permis de retrouver les rangs professionnels, le vieux club parisien est à la recherche d'un mécène mais ni Lagardère ni Tapie, pressentis, ne donnent suite : le Stade doit renoncer et le SCO, préféré à Cuiseaux-Louhans au bénéfice de l'ancienneté, est officiellement repêché le 13 juin. Le voilà quitte pour un avertissement sans frais !
Il perd quand même une grande partie de ses cadres : après quatre saisons usantes, Claude Arribas prend la tête des amateurs de St-Brévin. M'Bida, Nelson, Papini et Rey rejoignent des clubs de troisième plan (Dunkerque, Lorient, Le Mans, Grenoble) tandis que Tukac part en Belgique. Pour les remplacer, Atamaniuk fait appel à quatre joueurs expérimentés. A 27 ans, le milieu de terrain Christophe Desbouillons a derrière lui plusieurs année de D1 à Lyon puis à Rouen. Chez les " Diables rouges ", il a été l'équipier de notre vieille connaissance Alain Larvaron qui revient au SCO après quatre ans d'absence. Bruno Marin, le jeune Douarneniste si bien nommé, arrive de Rennes. Quant à Paul Ravail, c'est un habitué des luttes de D2 sous les maillots d'Angoulême, Sète ou encore Amiens. Enfin, Atamaniuk s'appuiera sur le défenseur central Rachel Maillet, originaire de Chalonnes.
Le SCO a beau être averti, rien n'y fait : son début de saison est mauvais. D'entrée de jeu, il s'incline chez le promu lorientais puis à domicile face à Guingamp. A la troisième journée, il n'obtient qu'un maigre 0-0 à Sedan (qui finira bon dernier), puis s'incline à nouveau à domicile face à Limoges. Le voilà bien installé dans la charrette, avec 1 point sur 8 possibles et un seul but marqué. Le déplacement à Besançon est en revanche une excellente opération grâce à un doublé de Ravail mais, en l'absence de Grosbois, la série de septembre est décevante. Pourtant nos Scoïstes s'accrochent, grapillent des points (victoires à Valenciennes et Abbeville) et se maintiennent à flot. En fait, ils ont surtout du mal à mener le jeu et à gagner à Jean-Bouin (deux victoires seulement à mi-saison). Au rang des satisfactions, on note les progrès de la défense, l'efficacité du jeune Patrice Sauvaget (7 but), et la présence du public : en particulier, ils sont plus de 9.000 pour la réception de la terreur de D2, le Racing Club de Paris avec l'international Maxime Bossis, qui s'impose 2-1.
Durant tout l'hiver, le SCO avance cahin-caha, naviguant juste devant les relégables. La situation se dégrade après une nouvelle blessure de Grosbois début février. Dominés, les Angevins prennent l'eau et encaissent 14 buts en cinq défaites consécutives, ce qui les place à nouveau dans une situation délicate. Dans le même temps, le parcours en Coupe de France prend fin dès le premier gros obstacle : accroché à domicile, le Stade Lavallois s'impose au retour à Jean-Bouin où Michel Pageaud fait ses débuts. En championnat, heureusement, les Scoïstes se remettent de la lourde défaite face au Racing (0-3) et battent Valenciennes, Rouen et Abbeville : on déplore seulement une défaite à Caen où, dans sa patrie, Desbouillons, surmotivé, est expulsé (0-1).
A deux journées de la fin, la SCO est 12ème mais n'a pas encore assuré son maintien. Il compte 27 points et une différence de buts pénalisante (-14). Cinq équipes sont à ses trousses : Besançon et Rouen (26 points), Dunkerque, Valenciennes et Lorient (25 points). Dernier avec 22 points, Sedan n'a plus guère de chances de s'en sortir. Trois de ces équipes seront reléguées. Le programme n'est pas favorable puisque le SCO se déplace à Mulhouse, équipe à la lutte pour remonter en D1. Les affaires angevines s'éclairent avantageusement lorsque Stéphane Moulin, à la 57', ouvre la marque, incrivant ainsi son troisième but en trois matches. Du coup, les Mulhousiens se ruent à l'attaque et finissent par égaliser à la 84'. Cette parité est un moindre mal pour le SCO car, compte tenu des autres résultats, elle assure le maintien. Hélas, Mulhouse obtient et transforme un pénalty à la toute dernière minute, s'envole vers les barrages et abandonne les Angevins à leur déception. Rouen et Valenciennes ont obtenu le nul tandis que Besançon, Dunkerque et Lorient ont gagné.
Sedan est relégué. Mais pour les deux autres places, tout se joue lors de la dernière journée. Le SCO (27 points, -15) est placé derrière Besançon (28, -5), à égalité avec Dunkerque (27, -6), Rouen (27, -10) et Lorient (27, -25), juste devant Valenciennes (26, -6). Les Valenciennois paraissent en fâcheuse posture mais ont l'avantage de recevoir Sedan, ce qui leur assure presque deux points. Besançon, Dunkerque et Rouen se déplacent chez trois équipes de haut de tableau (Reims, Niort et Orléans). Quant aux Merlus, ils sont les hôtes du SCO ! Cet Angers-Lorient est ce qu'on appelle un match à quatre points ! Devant l'enjeu, 5.000 spectateurs garnissent les tribunes de Jean-Bouin : pas mal pour un match de fond de D2 ! Atamaniuk aligne son équipe-type, quasiment la même depuis la première journée. Il est évident que les deux formations sont crispées puisque la perdante sera reléguée. Mais en se neutralisant, elles risquent de sombrer ensemble ! Et c'est ce qui se profile dès la 6' avec l'ouverture du score par Valenciennes. Toutefois, en égalisant contre toute attente à la 44', Sedan rend un peu d'espoir aux Lorientais et aux Angevins. Naturellement, les Nordistes font le forcing et prennent à nouveau l'avantage à l'heure de jeu. De leur côté, Besançon, Rouen et Dunkerque tiennent le nul, si bien qu'à vingt minutes de la fin du championnat, le situation est la suivante : Besançon (29, -6), Valenciennes (28, -5), Dunkerque (28, -6), Rouen (28, -10), Angers (28, -15), Lorient (28, -25), Sedan (22, -21). A la 72', Reims ouvre la marque contre Besançon, ce qui ne change rien pour le SCO. A la 77', Atamaniuk remplace Moulin qui a beaucoup donné sans parvenir à trouver la faille, et fait entrer Chollier. Dans la minute qui suit, c'est la bande à Lemée qui inscrit le but décisif : Krstic score pour Orléans au grand dam de Rouen qui de ce fait rétrograde derrière Angers et Lorient. Aucun autre but ne venant plus perturber ce bel ordonnancement, le SCO sauve encore une fois sa tête - d'extrême justesse - lors de la dernière journée.
Départs : Arribas (St-Brévin), Badajoz, Delanoë, Lotaire, M'Bida (Dunkerque), Nelson (Lorient), Papini (Le Mans), Rey (Grenoble), Tukac (Courtrai)
Arrivées : Chollier (Le Puy), Desbouillons (Rouen), Larvaron (Alès), Marin (Rennes), Ravail (Amiens)
Effectif : Beaufreton, Chiarello, Chollier, Claudien, Desbouillons, Falette, Geffriaud, Grosbois, Larvaron, Le Gall, Maillet, Marin, Mehli N., Moulin, Perrocheau, Piniarski, Ravail, Sauvaget, Verdon - Entr. Atamaniuk
© Olivier Moreau 2006