Voici le SCO revenu presque trente ans en arrière, équipe moyenne au sein d'une D2 disparate où le physique l'emporte souvent sur la technique et la tactique. Bref, le voici bien loin de la D1. Quels sont ses adversaires ? Des équipes amateurs parfois renforcés par une ou deux vieilles gloires : Viry-Châtillon, Libourne avec Jean Gallice, Corbeil avec Oswaldo Piazza, Châteauroux avec Hervé Revelli, Abbeville avec Zbigniew Seweryn. Quelques habitués de la D2 perpétuellement au bord de l'asphyxie : Béziers avec Eric Edwige, Alès avec Michel Cassan, Limoges avec André Barthélémy et Jean-Claude Chastin, Angoulême entraîné par l'ancien Scoïste Paul Levin. Des clubs amateurs en voie de professionnalisation : Guingamp, Le Havre et Noeux-les-Mines qui vient de perdre son jeune et brillant entraîneur Gérard Houillier recruté par le voisin lensois. Et cinq gros morceaux : Montpellier et Valenciennes fraîchement relégués, Rennes avec Bousdira et Brulez, et Nîmes pris en main par Jean " Cacharel " ; enfin le Racing qui fait son grand retour avec Alain de Martigny (en fait, il s'agit du Paris F.C. absorbé par le Racing Club de France de Lagardère).
Le SCO ne peut guère espérer lutter contre ceux-là. Après le grand ménage opéré dans la foulée du dépôt de bilan, l'effectif connaît peu de changements. Il perd quand même trois cadres : Audrain, Camlann et Seweryn. Le recrutement n'est pas fastueux, on s'en doute. Le SCO conserve toutefois quelques atouts : un peu de son prestige demeure et, surtout, son centre de formation reste l'un des plus performants de France, ce qui lui permet d'attirer quelques jeunes des environs. C'est ainsi qu'arrivent les Nantais Geffriaud et Jouannic, le Luçonnais Verdon et l'Angevin de l'Intrépide Gury. Et puis, une nouvelle recrue arrive de l'Est en la personne du Yougoslave de Sedan Zvetozar Martinovic, un attaquant de 25 ans qui mesure 1,90 mètre. Hormis Arribas, Narbutowicz et Martinovic, tout l'effectif est issu du centre de formation ou a été révélé par le SCO.
Si le démarrage est mou (match nul contre Abbeville), le SCO réalise en revanche un beau coup en l'emportant face au Racing à Colombes grâce à un but de Charrier. Mais il gâche ce résultat en se faisant battre à domicile par Libourne, avant d'aller quérir un nouveau succès à Corbeil (3-1, dont un doublé de Charrier). Le voilà cinquième du classement, paré à affronter le dernier Montpellier chez qui rien ne va plus. Juste avant la mi-temps, Guégan et Lopez ouvrent la marque ; pourtant, peut-être trop sûrs d'eux, les Angevins se font remonter et dépasser en seconde période : Montpellier gagne finalement 3-2 ! Suit un passage à vide dont profite Rennes, à son tour vainqueur à Jean-Bouin. Mais à l'entame de l'automne, le SCO aligne cinq succès en six matches (soit dix-sept buts marqués, dont sept par Martinovic !), juste entrecoupés… d'une déculottée dans l'autre stade Jean-Bouin, à Nîmes (6-1 !). La jeune équipe angevine tient un rang tout à fait honorable et propose un football vivant.
Arrive alors un mois de novembre calamiteux, au cours duquel le SCO enchaîne quatre défaites d'affilée dont deux à domicile face à Valenciennes (0-2) et au Racing (2-3). Preuve est ainsi faite que notre sympathique équipe ne peut rivaliser avec les grosses cylindrées. C'est alors que Martinovic, tout juste marié, rend soudainement son maillot et part à Sedan ! On ne le reverra plus sous les couleurs angevines. En décembre, la situation n'est guère meilleure avec deux pauvres matches nuls et une qualification d'extrême justesse contre Ancenis (D4). Face aux homme de Miklos Bérès, une prolongation s'avère nécessaire. Le SCO mené 4 à 3 n'égalise qu'à la 112' puis se qualifie aux tirs au but : on est passé près d'une nouvelle déception ! Pour clore l'année 82, le trésorier Emile Lebaron démissionne le 29 décembre…
1983 se révèle de la même veine et le SCO glisse inexorablement. Il est à la peine contre les petites équipes (parités à domicile contre Limoges et Angoulême, à l'extérieur contre Béziers et Viry) et se trouve largement débordé par les meilleures qui lui infligent de lourdes défaites : Montpellier 1-4, Rennes 1-4, Nîmes 1-4, Valenciennes 0-5. Au crédit, on ne relève guère qu'une nette victoire contre Le Havre (4-0 avec un doublé de Guégan), manière de réagir après les " événements de Saint-Malo ". Car une semaine plus tôt, dans la cité corsaire, le SCO a été éliminé par un but guingampais à la dernière minute. Furieux, Heyman, Arribas et Geffriaud se sont mal comportés et se trouvent lourdement sanctionnés, avec respectivement trois, quatre et six mois de suspension ! En appel, la peine est ramenée à un mois pour chacun.
Tant et si bien que le SCO glisse jusqu'à la treizième place, sans toutefois que son maintien soit menacé, tant l'adversité est globalement faible, avec Alès, Viry et Corbeil nettement décrochés. Significativement, la saison se termine par une défaite 2-0 à Abbeville. Le SCO n'a pas mal joué mais dans un championnat à deux vitesses où seul Le Havre est parvenu à s'intercaler derrière Rennes, Nîmes, Valenciennes et le Racing et devant Angoulême et Montpellier, il n'a pas fait aussi bien que des clubs encore moins dotés que lui, tels que l'En-Avant de Guingamp ou - précisément – le Sporting Club d'Abbeville.
Départs : Audrain (Bordeaux), Camlann, Seweryn (Abbeville)
Arrivées : Geffriaud (Nantes), Gury (Intrépide), Jouannic (Etoile du Cens, Nantes), Martinovic (Sedan), Nelson, Verdon (Luçon)
Effectif : Arribas, Avrillon, Charrier, Chaslerie, Diecket, Geffriaud, Guégan, Gury, Heyman, Jouannic, Lecouvreur, Lopez, Martinovic, Narbutowicz, Nelson, Petiteau, Petron, Piniarski, Verdon – Entr. Fruchart
© Olivier Moreau 2005