Après trois années éprouvantes, Aimé Mignot est contraint de céder sa place à Elie Fruchart, " un remarquable pédagogue, ouvert au dialogue mais n'hésitant pas pour autant à faire respecter la discipline et les consignes. C'est aussi un technicien qui aime s'établir, rester longtemps où il se trouve pour mieux former un club, un lien entre tous les rouages. " Il a dirigé deux septennats, l'un à Lens (3ème en 1964) l'autre à Dunkerque, séparés par trois ans à Reims. L'homme est expérimenté et il vient de mener l'équipe dunkerquoise à la troisième place en D2.
Plusieurs titulaires quittent le navire angevin. L'excellent Vili Amersek retourne à Ljubljana et Thierry Princet à Tours ; Brucato, Chastin, Guillon et Osman s'en vont également. Pour les remplacer, le SCO dispose de peu de moyens. Il lui faut donc débusquer de jeunes talents. C'est ainsi que sont recrutés deux Bretons, Michel Audrain (un attaquant guingampais qui n'a pas dix-huit ans) et Jean-Pierre Bosser (un arrière quimpérois de dix-neuf ans) et deux jeunes joueurs ayant déjà débuté en D1, Karim Maroc, un Algérien de 21 ans prêté par Lyon, et Bruno Steck, un Alsacien de moins de 22 ans nanti du titre de champion de France 1977 avec Nantes. Enfin, le Guadeloupéen Roger Baltimore, un " ancien " de 26 ans rompu à la D2, arrive de Toulon. Si on ajoute que Citron a moins de 26 ans, Augustin moins de 25 ans, Gonfalone moins de 24 ans, Felci et Janin moins de 23 ans, et Lecornu moins de 22 ans, on mesure l'incroyable jeunesse de l'effectif angevin ! Seuls trois joueurs ont plus de 26 ans : Brulez (29 ans), Félix (30 ans) et Le Lamer (31 ans).
Encore ce dernier ne dispute-t-il pas le match d'ouverture de la saison à Valenciennes où le SCO s'incline 2 à 1. Le vendredi suivant, le public angevin assiste à une magnifique victoire devant les Girondins de Bordeaux (3-0). Puis le SCO décroche le nul à Nice que Jean-Marc Guillou a quitté pour Neuchâtel. Pour son deuxième match à domicile, devant plus de 10.000 spectateurs, il remporte encore une nette victoire alors que Bastia avait pourtant ouvert la marque (3-1). Après un nouveau point récolté à Lille, l' assistance dépasse largement 16.000 spectateurs pour la réception de l' Olympique de Marseille. Berdoll marque certes contre son ancien club, mais le SCO remporte à nouveau un large succès (3-1). Il se classe sixième et retrouve ainsi son standing perdu depuis cinq ans. En marquant à trois minutes de la fin à Saint-Symphorien, Félix lui fait encore gagner deux points et une place au classement.
Ce prometteur début de saison ouvre à Patrice Lecornu les portes de l'Equipe de France. Fin août, il est sélectionné chez les Espoirs et marque le but égalisateur (tandis que Michel Audrain joue chez les Juniors). Michel Hidalgo le sélectionne pour France-USA du 10 octobre 1979 pour faire face aux forfaits cumulés de Rocheteau et de Zimako. Le match n'a pas grand intérêt, et les Bleus mènent 3-0 au bout de 23 minutes. Dépassés, les Américains jouent brutalement et le Strasbourgeois Wagner, qui vient de marquer pour sa première - et seule - sélection doit sortir. Lecornu qui le supplée devient ainsi le sixième Scoïste en bleu. Il est encore titulaire chez les Espoirs la veille de France-Tchécoslovaquie puis connaît les honneurs d'une deuxième sélection A, cette fois comme titulaire, pour le match amical contre la Grèce. Auteur d'une prestation modeste, il est remplacé par Rouyer à la 56'.
Entre-temps, le SCO vit un sale automne. Il subit cinq défaites en six matches, dont trois consécutives à domicile ! Les illusions s'éloignent, le club angevin rentre dans le rang et navigue autour de la douzième place jusqu'à fin février 1980. C'est alors qu'il subit une véritable humiliation en Coupe de France. Deux divisions le séparent de son adversaire en trente-deuxième de finale, l'Union Sportive Montagnarde d'Inzinzac-Lochrist, une bourgade de 5.000 habitants proche de Lorient. Or, à la surprise générale, les Montagnards, vainqueurs aux tours précédents d'Ancenis et de Saint-Pol-de-Léon battent les Angevins par la plus courte des victoires. C'est la première fois que le SCO connaît un tel affront en Coupe de France. Au tour suivant, les Bretons seront aisément écartés par Orléans (deux fois 3-0) qui ira jusqu'en finale !
Cette défaite inattendue est moins un révélateur qu'un accident ; elle provoque un heureux sursaut des Angevins qui remportent trois victoires de rang et repassent huitièmes. Après trente-et-une journées, le SCO n'est qu'à quatre points du cinquième, le Paris-Saint-Germain, son adversaire du jour. Dans un Parc des Princes qui continue de sonner le creux (à peine 10.000 spectateurs), Félix réplique à Abel. Dix jours plus tard, Jean-Bouin est copieusement garni (plus de 17.000 personnes) pour la visite de l'A.S. Saint-Étienne. Mais Platini, souverain, marque les deux buts de la victoire stéphanoise qui enterre les dernières ambitions angevines. Dans la foulée, le SCO, démotivé, enregistre quatre autres défaites ! Il termine quatorzième, un résultat un peu décevant à l'aune des espoirs soulevés, mais en ayant vécu une saison de D1 somme toute sereine (la première depuis 1974-75 et la dernière à ce jour).
Maintien assuré et espoirs enfuis, Fruchart profite de ce contexte pour lancer quelques jeunes du centre de formation. C'est ainsi que Chaslerie (22 ans, en remplacement de Janin blessé), Diecket (moins de 17 ans), Monczuk (19 ans) et Piniarski (un arrière gauche d'à peine 18 ans) font leurs débuts en D1. Ce dernier est même sélectionné au championnat d'Europe Juniors en mai (et participe à une victoire 7-1 contre la Bulgarie !). Pour compléter cette saison décidément placée sous le signe de la jeunesse, le SCO dispute la poule demi-finale de la Coupe Gambardella, ce qui en fait bien l'une des huit meilleures équipes Junior de France.
Départs : Amersek (Ljubljana, Yougoslavie), Baudry (?), Brucato, Chastin (Angoulême), Goupil, Guillon (Limoges), Mignot (entr., Alès), Osman, Princet (Tours), Saliné (Rennes).
Arrivées : Audrain (Guingamp), Baltimore (Toulon), Bosser (Quimper), Diecket (Paris, AS XVème), Fruchart (entr., Dunkerque), Maroc (Lyon), Piniarski (Red Star), Steck (Nantes).
Effectif : Audrain, Augustin, Baltimore, Bosser, Brulez, Camlann, Cassan, Chaslerie, Citron, Diecket, Felci, Félix, Gonfalone, Janin, Lecornu, Le Lamer, Maroc, Monczuk, Piniarski, Steck - Entr. Fruchart.
© Olivier Moreau 2005