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Déroulé de la saison 1974/75

La saison

18ème en championnat de France de Première division professionnelle.
1/4 finale de la Coupe de France.

Le SCO entreprend une nouvelle saison qui promet d’être aussi enthousiasmante que les précédentes. N’a-t-il pas réussi à conserver son capitaine et maître à jouer Jean-Marc Guillou et son artificier international Marc Berdoll ? Certes, la paire d’animation est brisée puisqu’Albert Poli s’en va à Paris ; certes le milieu de terrain angevin se retrouve sans Lemée retourné à Marseille ; certes la défense perd Lecoeur parti à Lens et Bourdel qui, arrivé en fin de contrat, ne resigne que pour entraîner l’équipe réserve. Mais en contrepartie le SCO a recruté Le Boëdec, Laurier et François, ainsi que le Cannois Griffoni qui occupera les buts. Avec le sympathique Pancho Ganzales aux manettes de cet effectif, on va voir ce qu’on va voir et le SCO finira bien par gagner un titre !

Mais le championnat s’engage très mal, confirmant une série de matches amicaux décevants. Les deux belles affiches qui ouvrent la saison officielle à Jean-Bouin se traduisent par des défaites. Pour commencer, Nice, quatrième ex-eaquo avec Angers la saison précente, s’impose 3-1 devant plus de dix mille spectateurs ; encore le SCO n’a-t-il sauvé l’honneur qu’à la denrière minute. Huit jours plus tard, Lyon l’emporte 2 à 0 sans grande difficulté. La mécanique angevine n’est pas rôdée ; après deux matches à domicile, la voici dernière du classement. Et ça ne s’améliore pas à l’extérieur : Sochaux gagne tranquillement 2-0. La quatrième journée laisse croire au fameux déclic qui a si souvent relancé les Angevins : Berdoll trompe le gardien bastiais Gérard Gili dès la première minute et Edwige en fait autant trois minutes plus tard ! Le SCO bat Bastia 3-0, marque le bonus, sort de la zone rouge et soupire de soulagement. Pourtant, cette brillante victoire n’est qu’une illusion. Durant les deux mois qui suivent, l’équipe angevine se révèle en effet incapable de remporter le moindre succès. Elle perd à l’extérieur, parfois sèchement comme à Marseille (1-3) et à Nîmes (0-4), et ne parvient pas à marquer les deux points à domicile : même le Red Star avant-dernier accroche le nul à Jean-Bouin. Le SCO paraît scotché à la dernière place. Le retour de Bourdel dans l’effectif n’y change rien.

La seule éclaircie dans le tableau est logiquement teintée de bleu : si Berdoll a perdu sa place faute de résultats, Jean-Marc Guillou demeure le meneur de jeu de l’Equipe de France et mérite la confiance que lui accorde Stefan Kovacs. En Pologne où les Bleus gagnent 2 à 0, «Guillou au milieu du terrain et Trésor en défense ont dominé de très haut la situation.». A Bruxelles, Guillou «réussit, cerné par plusieurs adversaires, à faire une passe admirable à Coste en profondeur», qui marque le seul but français. Et au Parc des Princes où la RDA mène 2-0 sonne «le réveil, inespéré, miraculeux, des Français. Annoncé par des tentatives individuelles de Huck et de Guillou, il se [traduit] pas deux buts (Guillou, Gallice), c’est-à-dire par l’égalisation.»

Il semblerait alors que le SCO vive lui aussi un sursaut : le 2 novembre, jour faste, il écrase le LOSC 5-1 en terre lilloise avec un sensationnel quadruplé de Berdoll, enfin retrouvé. La semaine suivante, à force de volonté il égalise devant Sochaux par un but d’Antic à la dernière minute. Il est vrai que les Sochaliens ne sont qu’avant-derniers… Non, en réalité le SCO ne parvient pas à redresser la barre. Très vite les défaites s’accumulent (Reims, Metz, Rennes, Bordeaux, Bastia…). A la trêve hivernale, le bilan est catastrophique. Bon dernier, le SCO ne compte que deux victoires et six nuls en vintgt-et-une rencontres. La sanction n’est pas originale et tombe sur Gonzales.

Pour lui succéder, les dirigeants angevins procèdent à un choix étonnant. Plutôt que de suivre les sentiers battus, ils recrutent le Yougoslave Velibor Vasovic. A coup sûr, l’homme est qualifié pour garantir la poursuite du beau jeu à l’angevine, technique et en mouvement : il était le capitaine de l’équipe de l’Ajax d’Amsterdam championne d’Europe quatre ans plus tôt ! Vasovic, en provenance du Partizan de Belgrade, débarque à Angers le 2 janvier 1975. «Arrivé, il [dit] aux joueurs, par l’intermédiaire de l’interprète : “J’ai deux poches. Dans celle de gauche, il y a une carte de visite. Je m’appelle Vasovic, je suis votre entraîneur, j’ai gagné la Coupe d’Europe avec Ajax, j’ai été libéro de l’équipe de Yougoslavie et en dix-sept ans de carrière, j’ai été seize fois champion. Tout ce que j’ai fait, peut-être et probablement aucun de vous ne le fera. Ça, c’est ma carte de visite, vous ne pourrez pas y toucher. Dans ma poche de droite, il y a mon portefeuille. Si vous ne faites pas ce que je vous dis, qu’on n’a pas de résultats, vous touchez à mon portefeuille. Et ça, je ne l’admets pas !”» (1)

Et le choc psychologique se produit. Pour son premier match à la tête du SCO, Vasovic signe une victoire 3-1 sur Paris Saint-Germain. Berdoll, peu en verve depuis le début de championnat hormis le coup de Lille, inscrit un doublé. En ce dimanche de janvier, il n’y a pas cinq mille spectateurs à Jean-Bouin… C’est un feu de paille, l’effet Vasovic ne se prolonge pas : Troyes en fait la démonstration en passant en rude 4-0 dès le dimanche suivant (3-0 à la demi-heure). Les Scoïstes n’ont pas bien assimilé la tactique prônée par le technicien yougoslave et ont mal maîtrisé le hors-jeu. Il faut dire aussi que Bourdel est resté à Angers : après un sévère accrochage avec Vasovic, il a été suspendu un mois.

Un mois qui enterre les espoirs des Angevins : ils ne remportent qu’une victoire en sept matches. Le remplacement de Griffoni par Janin n’y a rien fait. Au soir de la trentième journée, le SCO compte huit points de retard sur le Red Star. Pour s’en sortir, il faudrait un miracle comme celui de 1965. Un miracle… c’est pourtant ce qui survient en ce début de printemps 1975. A Angers, le SCO écrase soudainement le Racing Club de Strasbourg par 5 à 1. Et encore Spregel avait-il ouvert la marque pour les Alsaciens dès la 3’ ! Antic s’offre un triplé tandis que Guillou - fait exceptionnel - marque deux fois. Une semaine plus tard, le même Guillou affronte la Hongrie avec l’Equipe de France. «Le milieu de terrain français domina le match, grâce à Michel, à Huck, mais surtout à Guillou, dont la performance fut exemplaire.» La France l’emporte 2 à 0. Et le week-end suivant, le SCO réussit un nouvel exploit : il écrase le Red Star à Saint-Ouen, s’offrant ainsi un bonus supplémentaire. Antic frappe encore deux fois, comme Ferri. Le plus fort, c’est que les Angevins rééditent leur performance au match suivant. Contre Lille, comme à l’aller c’est l’hallali. Le Losciste Hervé Gauthier a beau ouvrir la marque, le SCO l’emporte 4-1, Berdoll réalisant un doublé et Antic marquant encore.

A l’approche de la ligne droite finale, notre SCO est retrouvé ! Il se qualifie en Coupe de France aux dépens de Troyes, le voici en quart-de-finale. En championnat, il bat Sochaux à Auguste-Bonal (l’inévitable Antic en fin de match) puis Monaco à Jean-Bouin (buts de Ferri et… d’Antic bien sûr). Le voici revenu à la hauteur du Red Star et de Rennes et à un point seulement derrière Sochaux. Il rapporte encore un point de son déplacement à Reims. Au commencement du mois de mai, le moral angevin est revenu au beau fixe. Il ne reste que deux matches de championnat à disputer… un mois plus tard. Car entre-temps se jouent la Coupe de France et un match éliminatoire du championnat d’Europe des Nations. En Coupe contre Bastia qui réussit une excellente saison, les Angevins laissent passer leur chance : ils s’inclinent deux fois 1-0. En championnat d’Europe des Nations, pour affronter l’Islande à Reykjavik Kovacs sélectionne Guillou mais également Marc Berdoll, revenu en grâce. Les deux Scoïstes ont même l’honneur d’être titulaires. Faisant face à un vent violent et à une équipe islandaise qui multiplie les petites fautes, la France domine «mais, malgré le mordant de Berdoll et de Béréta, elle ne réussit rien de décisif.» C’est un 0-0 sans gloire. Quatre jours plus tard, le SCO ne parvient pas à battre Metz à Jean-Bouin, malgré un nouveau but de Berdoll.

Avant le dernier match, il a son destin en main mais se déplace à Nice. 17ème, il a 33 points (et une différence de buts de –9) ; Sochaux, 18ème, en a 32 (-9) et se déplace à Paris ; Rennes avec 32 points (-11) se rend à Metz ; quant au Red Star, il est perdu. Qui se sauvera ? Pas les Angevins, malheureusement : trop crispés par l’enjeu probablement, ils ratent totalement leur début de match au point de se trouver rmenés 2-0 après dix minutes de jeu ! Malgré un nouveau but d’Antic, les affaires sont compromises car Sochaux mène à Paris : le SCO doit l’emporter. Mais, tandis que Rennes prend l’eau à Metz (score final : 5-2) et que Sochaux tient bon (victoire 1-0 au Parc), le SCO encaisse un troisième but niçois avant que Loubet en toute fin de match n’inflige le coup de grâce. Pour la deuxième fois, le club angevin est relégué… en marquant le plus grand nombre de bonus ! Le charisme de Vasovic et le talent de Guillou n’auront pas suffi.

(1) “Le roman vrai du Paris S.G.”, Frédéric Chevit et Olivier Rey, Fayard, 1977, page 191
(2) Autres citations : “Les Cahiers de L’Equipe”

Départs : Fiévet (Troyes), Lecoeur (Lens), Lemée (Marseille), Poli (Paris SG).

Arrivées : Barot, Citron (Intrépide d’Angers), François (?), Griffoni (Cannes), Laurier (Paris FC), Le Boëdec (Marseille)

Effectif : Antic, Augustin, Barot, Bedouet, Berdoll, Bourdel, Brulez, Cassan, Citron, Damjanovic, D’Hondt, Edwige, Ferri, François, Gonfalone, Gouraud, Griffoni, Guillou, Janin, Laurier, Le Boëdec, Le Chatellier, Moreau, Ouattara, Petiteau – Entr. Gonzales puis Vasovic
© Olivier Moreau 2004