Deux figures du SCO s’en vont sur le magnifique succès de la saison 68-69 : Sygmunt Chlosta et Michel Stiévenard étaient arrivés en même temps, en 1961, l’un de Giraumont et l’autre de Lens. Ils ont porté le maillot noir-et-blanc près de 300 fois chacun. Chlosta retourne en Lorraine où l’attend l’aventure de la montée avec la jeune Association Sportive Nancy-Lorraine. Michel Stiévenard, en plus d’une activité de moniteur d’auto-école, va prendre en main le Racing Club d’Ancenis. Jean Deloffre, après quatre années angevines fort riches, rejoint l’OGC Nice avec lequel il va devenir champion de D2 pour la deuxième année de suite. Enfin, Serge Tulik part à Cholet. Côté recrutement, le SCO n’a vraiment pas fait de folies. L’expérimenté Philippe Poulain vient de Rouen ; Fiévet et Rigaud arrivent de D2.
A Saint-Ouen, le SCO attaque sa treizième saison de D1 de la meilleure des manières : Claude Dubaële marque le premier but angevin de la saison après un quart d’heure. Le Red Star égalise deux fois et prend l’avantage mais finalement le SCO s’impose 4 à 3. Il est déjà sur le podium. Comme la pelouse de Jean-Bouin est en réfection, l’accueil de Bastia a été reporté. Pour son deuxième match, il obtient à nouveau un résultat encourageant, 2-2 à Sedan. Le match en retard contre Bastia confirme les bonnes dispositions angevines : le SCO mène 3-0 à la mi-temps et s’impose finalement 5-0 avec un triplé de Margottin. Trois jours plus tard, c’est la réception du leader, l’Olympique Lyonnais, devant près de 15.000 personnes. Les affaires angevines s’engagent mal : le virevoltant Serge Chiesa ouvre le score à la 22’ et André Guy l’aggrave à la demi-heure de jeu. Heureusement, le SCO a des ressources et il parvient à renverser la situation : Jean-Marc Guillou, que Louis Hon a décidé de titulariser cette saison, marque son premier but en D1 (50’), et en une minute Roy (80’) et Dubaële (81’) signent une remarquable victoire scoïste. Du coup, voici le SCO en tête à égalité de points avec l’ogre stéphanois.
Toutes les conditions sont alors réunies pour que le SCO s’empare seul de la première place car il reçoit Valenciennes, équipe de fin de classement, tandis que l’ASSE a la rude tâche de se rendre à Marseille. Hélas, les 11.000 supporters angevins assistent à la victoire surprise des Nordistes (1-0) tandis que Saint-Étienne mène 3-2 quand le Vélodrome est envahi à un quart d’heure de la fin ! Phénomène angevin déjà vécu, cette désillusion contre Valenciennes agit comme un signal négatif. C’est un vrai tournant car les résultats du SCO se dégradent très nettement. Sur les sept matches suivants, il n’en gagne que deux. Surtout, deux des défaites sont particulièrement cuisantes. C’est d’abord le derby contre Nantes, classé 8ème. Devant 16.000 spectateurs, le SCO, encore deuxième du championnat, est sèchement renvoyé à ses devoirs (3-0). C’est ensuite une sévère raclée subie à Rouen (5-0). Le SCO glisse à la septième place, ses ambitions s’évanouissent et - conséquence d’un probable malaise au sein du club - Louis Hon quitte brusquement l’Anjou pour rejoindre la Galice.
Voici le SCO sans entraîneur ! Pour pallier cette carence, le président Eveno choisit une autre pointure : Lucien Leduc. Ancien joueur de l’équipe nationale et vainqueur de la Coupe de France, il a ensuite entraîné Annecy puis conduit Monaco à deux titres de champion de France, deux Coupes de France et un doublé, dirigé le Servette de Genève et l’équipe d’Algérie. Il est alors libre de tout engagement, le SCO en profite. Les premiers mois de Leduc sont difficiles. Malgré le renfort du Yougoslave Kovacevic déjà vu à Nantes, les mauvais résultats s’accumulent : à la trêve hivernale, sur sept matches on compte quatre défaites, deux nuls et une seule victoire. Le SCO a glissé à la 11ème place. Va-t-on revivre le scénario catastrophe de 1967-68 ?
Heureusement non ! La seconde partie de saison est meilleure. D’abord le SCO réalise à nouveau un bon parcours en Coupe de France. Il écarte Angoulême, un spécialiste de la Coupe ces dernières saisons, puis les amateurs d’Albi. En huitième de finale, il doit affronter le Sporting Etoile Club de Bastia quand un conflit éclate entre joueurs et dirigeants. Sont en cause les primes de matches. Jean Eveno ne veut rien céder et menace d’envoyer les amateurs à la place des professionnels. Finalement le SCO se déplace au grand complet et réussit la remarquable performance de gagner en Corse (2-0) ! Seulement, une semaine plus tard, c’est Bastia qui s’impose à Jean-Bouin en remontant ses deux buts de retard ; encore le SCO s’en sort-il bien car Kovacevic n’a évité l’élimination qu’à la 89’ (3-1). Il faut jouer un match d’appui à Nîmes. A deux minutes de la fin, le SCO mène 3-1 lorsque le terrain est envahi par des supporters corses. Le gardien bastiais Orsati prend même des coups en s’efforçant de protéger l’arbitre ! Le résultat acquis, voici le SCO en quart où il affronte le Football Club de Nantes. Il résiste à domicile (2-2) avec un arbitrage controversé de M. Wurtz mais s’incline au retour devant plus fort que lui (2-0). En championnat, les Angevins terminent fort : sur les huit derniers matches, ils gagnent cinq fois dont, pour finir, un succès de prestige chez le quadruple champion Saint-Étienne. Il se classe 7ème.
Départs : Chlosta (Nancy), Deloffre (Nice), Stiévenard (Ancenis), Tulik (Cholet)
Arrivées : Allary (Redon), Fiévet (Chaumont), Kovacevic (Partizan Belgrade, Yougoslavie), Poulain (Rouen), Rigaud (Avignon)
Effectif : Allary, Bourdel, Dogliani, Dubaële, Edwige, Fiévet, Gallina, Gouraud, Guillou, Kovacevic, Le Châtellier, Margottin, Mouilleron, Perreau, Poli, Poulain, Prandin, Rigaud, Roy, Voloviec
© Olivier Moreau 2003