Feuille de match
6 septembre 2000 - Stade de la Mosson-Mondial 98 - 7576 spectateurs
Arbitre : M. Coué
Résumé
On appelle ça la glorieuse incertitude du sport. Denis Goavec a raison de rassurer les Montpelliérains : qu'on rejoue cinquante fois le match et le Montpellier-Hérault Sports Club gagnera cinquante fois, les deux points perdus ne devraient pas empêcher la bande à Loulou de remonter en D1. Les Montpelliérains, bien que maladroits, mal inspirés et malchanceux, étaient en effet beaucoup plus forts que les scoïstes mercredi soir. Le speaker vient à peine de présenter les 'Louison', 'Vandevourde' et 'Bourgeois' que Lucas est déjà à la tâche. Les Montpelliérains pressent tellement que les questions qu'on se pose sont les suivantes : quand (le premier but) et combien (dans la musette) ? Mais les Angevins sont vaillants et ils le resteront pendant tout le match. Le supporter angevin, incognito au milieu d'un public parfois virulent, peut simplement regretter les relances précipitées (voire prétentieuses) de Duarte et les très mauvais dégagements au pied de Lucas (qui finit par se rendre compte qu'il vaut mieux envoyerla balle vers l'unique Vandevoorde, c'est-à-dire à droite…au moment où ce dernier vient de passer sur l'aile gauche !) : le 'keeper' du SCO fait bien mieux que se racheter dans ses sorties et sur sa ligne, Marchand est impeccable et Louiron à gauche s'efforce de porter le ballon dans le camp héraultais en relais avec son demi Voisin. Tout au long du match, les noir-et-blanc resteront corrects, ne commettant aucune agression, on n'en dira pas autant de leur jeu de mains, sanctionné justement par l'arbitre. Kerhuiel tient bien sa défense et pratique très habilement le hors-jeu, et en vieux renard rusé, averti par un carton jaune, il va immédiatement provoquer Silvestre (excellent comme toujours - que fait-il en D2 ?) qui en récolte un à son tour…Et puis le miracle se produit ! Dans un stade où les supporters se sont tus comme s'ils avaient pressenti l'invraisemblable, deux Angevins s'échappent au loin surl'aile droite, s'échangent tranquillement le ballon… De l'autre côté du terrain, notre supporter angevin voit Vandevoorde frapper… et comprend que la balle est passé à côté puisque ni le public ni les joueurs ne manifestent la moindre réaction. Mais curieusement, les noir-et-blanc se regroupent sobrement et semblent rejoindre leur camp tandis que, mais oui, les bleus acheminent le ballon vers le rond central ! Bien que le public ne réagissent toujours pas, il n'y a plus de doute : l'incroyable a eu lieu : le SCO vient de marquer un but sur sa premièreaction à la 44ème minute ! Et il crée la sensation à lami-temps : pour la première fois de la saison, Montpellierest mené chez lui. Il faudra plusieurs minutes pour que le préposé au tableau d'affichage en prenne conscience…Et pour un peu, notre SCO marquait sur sa seconde (et donc dernière) action du match, dès la reprise : un frisson parcourt la stade, accompagné d'une rumeur inquiète. De fait, comprenant qu'ils sont passés tout près du K.O., les Montpelliérains restent prudents et le jeu est quasiment équilibré au cours des dix minutes suivantes : le SCO parvient enfin à développer un peu de jeu au milieu du terrain. Mais progressivement, la domination des bleus s'impose de manière inexorable et une seule interrogation subsiste : quand ? La défense visiteuse poursuit son héroïque résistance, bien aidée par le manque d'inspiration des locaux. Mais enfin le stade explose : sur un corner tiré de la droite, Lefèvre, de la tête, expédie avec rage un boulet de canon : imparable ! Et le siège se prolonge car les Montpelliérains ne se contenteront pas de la parité. Ils poussent, ils poussent,ils pressent, ils débordent, ils tirent, ils s'infiltrent, glissent, s'échappent, dérapent, dribblent, frappent, tournent autour des blancs, mais toujours est pied est là, un tacle s'interpose, une jambe contre, une tête dégage et, quand ça craque enfin, Lucas réussit tout ce qu'il veut. Même sans Kerhuiel expulsé pour une faute de main flagrante, les Montpelliérains échoueront puisque l'arbitre y mettra du sien (y avait-il réellement hors-jeu sur ce but refusé ?) et que Marchand s'en mêle (retour en catastrophe sur sa ligne pour un improbable sauvetage) au grand désespoir des tribunes qui déjà avaient bondi et criaient leur joie. C'est fini. Le supporter angevin reste discret, sait-on jamais ? En vérité, le public n'en veut guère aux scoïstes qui ont joué comme les autres équipes de passage à Montpellier, de manière prévisible, autrement dit ultra-défensive. Bien sûr, ce n'est pas la gloire et l'on se doute que ça n'est pas de gaieté de cœur que Denis Goavec pratique ainsi. Le beau jeu à l'Angevine en prend un coup et le football aussi. Pourtant, on comprend que les joueurs du SCO s'embrassent : on ne peut pas dire qu'ils aient volé leur point.